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Dossier stress - Gilles Vinet

 
Gestion du stress en période de rétablissement
Par Charles N. Roper - Traduit et adapté par Gilles Vinet

Le rêve : Devenez sobre et tout tombera naturellement en place.
La réalité : Devenez sobre et regardez bien votre niveau de stress culminé.
C'est un des plus beaux paradoxes concernant le rétablissement: ce processus peut se révéler en même temps ce qu'il y a de mieux et ce qu'il y a de plus difficile pour les alcooliques et les dépendants. C'est particulièrement vrai pour ceux et celles qui vivent et fonctionnent dans des conditions stressantes. 
Avant de passer en rétablissement, les alcooliques et des dépendants avaient un antidote certain pour gérer leur stress : Se geler. Nous nous sentions battus, fatigués? Quelques lignes… Une dure journée ? Vite un joint... Besoin de relaxer ? Une bière froide ou un verre d'alcool... Ces solutions ne fonctionnaient pas longtemps, bien sûr, mais bien souvent elles apportaient un soulagement temporaire.

Puis est venu le rétablissement et "poof" — par magie le soulagement temporaire est disparu. Que faire alors ? La réponse réside dans une saine gestion du stress.
La gestion du stress n'est pas la même chose que la détente. La gestion de stress est une solution à long terme de millions de problèmes à court terme. Un vrai programme de saine gestion de stress se centre plus sur les sources internes de stress (celles que nous créons pour nous de notre propre chef) que sur les sources externes (celles nous voyons tout autour de nous et que nous blâmons pour la façon dont nous nous sentons).
Comprendre la vraie nature de ce qu'est le stress et la manière de gérer ce stress aide de conceptualiser cette difficulté en termes de 1) le Problème et 2) la Solution, comme suit :
 

Le Problème La Solution
Il y a deux sources primaires de stress : les sources externes et les sources internes.    Il y a deux moyens principaux pour composer avec le stress : la réduction du stress et la gestion du stress.
Sources externes de stress :· Argent· Relations· Travail· Conduite automobile — "traffic"· Changement de n'importe quelle sorte Techniques de réduction de stress :· Réduction des sources externes de stress· Exercices de relaxation· Exercice physique· Regarder la télé· Écouter de la musique
 

Le Problème
La Solution
Il y a deux sources primaires de stress : 
les sources externes et les sources internes. 
Il y a deux moyens principaux pour composer avec le stress : la réduction du stress et la gestion du stress.
Sources externes de stress :
  • Argent
  • Relations
  • Travail· Conduite automobile "trafic"· Changement de n'importe quelle sorte
Techniques de réduction de stress :
  • Réduction des sources externes de stress
  • Exercices de relaxation
  • Exercice physique
  • Regarder la télé
  • Écouter de la musique
Sources internes de stress 
  • Croyances
  • Attitudes
  • Dialogue interne
  • Changer ses "vieilles cassettes"
  • Façons de penser· Recherche de solution des problèmes
Gestion de stress :
  • Confrontation des sources internes de stress
  • Vivre au moment présent
  • Diète équilibrée
  • Exercices réguliers
  • Pratique quotidienne de la spiritualité
  • Mode de vie harmonieux et équilibré

L'approche traditionnelle pour traiter avec notre stress est de blâmer les sources externes de stress pour la façon dont nous nous sentons et alors de compter sur des techniques de réduction de stress pour composer avec ces éléments perturbateurs. Cette approche n'a jamais marché et ne fonctionnera jamais.

La gestion efficace du stress exige au départ deux choses : 

1. Changer nos modes de vie pour permettre une pratique quotidienne saine d'y loger. 
2. Aller à l'intérieur de notre propre conscience. Affronter et changer nos pensées dysfonctionnelles. 


La première tâche est de beaucoup la plus simple. Elle suit le bon sens. Des exercices cardiovasculaires réguliers, une diète saine, une abondance de repos et le sommeil, en mettant l'important d'abord, dans nos vies, tout ça va nous préparer à composer avec les diverses circonstances troublantes de nos vies avec plus d'efficacité et énergie.
La deuxième tâche représente le défi réel. C'est particulièrement vrai pour les alcooliques et les dépendants, qu'ils soient en rétablissement ou non. Les alcooliques et les dépendants sont, de façon notoire, étroits d'esprit, fermés, égocentriques, orgueilleux.

Néanmoins, il y a des solutions et ça marche.

Quand j'ai commencé à étudier le Bouddhisme Zen, il y a quelques années, un de mes enseignants m'a dit que la première chose que j'avais besoin de faire était de reconnaître et d'accepter le fait que tout ce que je prenais pour acquis comme connaissance était inexact. Il m'a dit que je pourrais prendre un raccourci dans tout ce processus spirituel si je renonçais juste à tout que je connaissais "comme un fait", à tout ce que je prenais pour acquis, et de débuter à nouveau avec un esprit frais et non encombré. 
Quand j'ai résisté à son évaluation de mes connaissances, il m'a mis au défi sur le champ : "Attention, prenez soigneusement en considération la source de votre information." À ce point j'ai dû vraiment m'arrêter et penser d'où venait tout ce que j'avais appris : mes croyances, mes opinions et mes attitudes. Ces sources étaient moins que fiables. Ces sources incluaient mes parents alcooliques, le système scolaire public, une église protestante du sud très rigide et remplie de jugements, mes amis qui abusaient d'alcool, de drogues et de médicaments, des programmes de télévision, et cetera.
Au moment où nous atteignons l'âge adulte, nos cerveaux sont remplis de ce que Albert Ellis, un psychologue célèbre et chercheur, appelle "des croyances bouleversantes fréquentes." Et ces croyances renversantes sont toutes responsables du niveau de stress et sont les cibles en gestion du stress. En effet, ils sont au coeur du problème.
La liste des dires qui suit nous suggère certaines de ces croyances que la plupart des personnes répètent dans leurs têtes, au moins dans une forme ou une autre : 

  • "Je dois être compétent dans toutes les situations ou à tout respect."
  • "Certaines personnes sont méchantes et méritent d'être punies."
  • "Les événements dans ma vie doivent toujours aller dans le sens que je désire." 
  • "Les événements, les circonstances et les gens me bouleversent."
  • "Les gens doivent s'occuper de leurs propres affaires et me laisser tranquille."
  • "J'ai le droit de m'inquiéter et de me sentir blessé dans des situations dangereuses et injustes." 
  • "Il m'est plus facile d'éviter les difficultés et les responsabilités que de leur faire face." 
  • "Mes premières expériences traumatisantes ou non de mon enfance contrôlent les sentiments et les comportements dans ma vie adulte." 
  • "J'ai le droit de me sentir indisposé à propos de mes problèmes ou de ceux des autres gens."
  • "Il y a un bien et un mal absolu concernant chaque situation."
  • "Le monde doit être juste et à la fin, la justice doit prévaloir." 
  • "J'ai l'absolue certitude que certaines choses sont vraies." 
  • "Certaines personnes devraient être différentes de ce qu'elles ont choisies d'être." 
  • "J'ai le droit de chercher à me venger sur les gens qui m'ont blessé." 
  • Beaucoup de situations que nous rencontrons dans notre quotidien menacent nos attitudes et nos croyances. Quand cela arrive, typiquement, nous réagissons en nous mettant sur la défensive et/ou en nous mettant en colère et/ou en ayant peur. De là, apparaissent les émotions, les bouleversements et le stress.

    Est-ce que l'attitude ou la croyance qui suit sonne familier ? "Cet idiot m'a coupé sur la route. Il est stupide et il a tort. Il est dangereux ; il m'a fait peur et aurait pu me blesser. J'ai le droit d'être en colère et offusqué. Si jamais je le revois, je vais lui dire ma façon de penser."  L'idée ainsi exprimée, en réalité, nous informe que le conducteur n'est pas la cause de mes émotions. C'est ma façon de penser qui est à l'origine de tout ce bouleversement.

    Cette conceptualisation du stress produit intérieurement a même plus de sens quand nous la considérons en termes "de dialogue intérieur négatif." Nous nous "parlons" presque tout le temps intérieurement, que nous en soyons conscients ou pas. Beaucoup, et probablement l'essentiel de ce discours intérieur, a une tournure négative, une allure désagréable

    Considérez la liste suivante de messages négatifs et de réparties positives possibles.
     

    Messages de discours intérieur négatifs
    Messages de discours intérieur positifs
    «Je suis un drôle d'idiot. Je n'arrive pas à croire que je suis si stupide.» «Oups. J'ai fait une erreur; je dois me centrer sur la tâche que j'ai à accomplir»
    «Il est un bouffon, un idiot. Je n'arrive pas à croire qu'il est si stupide.» «J'ai fait une erreur, nous en faisons tous, même moi.»
    «Je la déteste. Elle m'a blessé et elle va le regretter un jour.» «Je me sens blessé. Je me demande pourquoi je prends ses attitudes et ses comportements si personnellement.»
    «C'est épouvantable! C'est horrible ! Je ne peux plus supporter cette situation Ça me tue ce genre d'affaires.» «Je dois prendre cette situation trop sérieusement. Ce n'est pas vraisembla-blement la fin du monde.»
    «Il est pourri jusqu'au cœur. Il mérite de brûler en enfer.» «Je ne suis pas d'accord avec son comportement. Qui suis-je pour juger?»
    «Je dois être capable de composer avec ça ; d'autres gens le peuvent.» «Je fais du mieux que je peux avec qui je suis aujourd'hui et c'est ok!»
    «Il me fait damner et devenir fou!» «Je n'ai pas à laisser à qui que ce soit le pouvoir de me mettre en colère.» 
    «Il n'est jamais là quand j'ai besoin de lui. Je ne peux lui faire confiance.» «Je suis responsable de moi et de mes propres émotions. Je peux choisir de  faire confiance à certaines gens pour m'épauler, me supporter.»
    «Je ne peux croire que ça m'arrive à moi » «Je me demande : est-ce que cette situation peut se dérouler dans mon meilleur intérêt.?»
    «Mon éducation m'empêche d'aimer ou avoir confiance en autres gens.» «Mon enfance s'est heurtée à ma bonne volonté et c'est avec empressement que je cherche à faire confiance. Je vais apprendre à avoir confiance comme un adulte le fait.»
    «Je ne puis accepter la façon dont certaines personnes se conduisent.» «Je suis responsable de mes propres comportements — pas de ceux des autres.»
    «La vie est triste, et puis vous mourrez de chagrin.» «Je vais vivre la qualité de vie que je décide d'avoir.»
    «Elle a tort et j'ai raison. Je sais que j'ai raison. Je suis prêt à mettre ma tête sur le bûcher pour prouver mon point.» «Elle a son avis et ses propres croyances et j'ai les miennes. Elle croit en les siennes et moi, je crois aux miennes.»

    Le truc de gestion de stress le plus efficace au monde n'a rien à voir avec l'élimination des situations stressantes de nos vies. Cela n'a pas rapport avec le fait que les autres agissent correctement ou font les choses comme je le désire, à ma façon.  En effet, quand les niveaux de stress sont évalués en fonction de mécanismes de penser pouvant générer du stress, il devient apparent qu'une situation en soi stressante, ça n'existe pas. Il y a seulement des raisonnements stressants et la pensée stressante est un sous-produit de nos attitudes, de nos opinions et de nos croyances. Pour gérer le stress, alors, nous allons écouter, noter, transformer notre discours intérieur et changer son contenu.

    Bien sûr, apprendre à écouter consciemment et à confronter nos attitudes et nos croyances qui créent de tels bouleversements, ça prend de la pratique. Un outil extrêmement utile que nous pouvons porter dans notre coffre à outils, à tout moment, ce sont des questions par lesquelles nous allons nous demander à chaque fois que nous nous sentons bouleversés, fâchés et épuisés...

    Voici des exemples de bonnes questions à se poser :

    • "Qu'est-ce que je me répète à moi-même en ce qui concerne cette situation qui fait que je sens de cette façon ?" 
    • "Quelles sont mes pensées, attitudes ou croyances que je juge négatives dans cette situation ?"
    • "Quelles sont mes attentes (peu raisonnables) envers cette personne ou dans cette situation ?" 
    • "Quelles sont mes attentes (peu raisonnables) envers moi-même dans cette situation ?" 
    • "Est-ce que je prends cette situation trop personnellement ?" 
    • "Est-ce que je prends cette situation trop sérieusement ?" 
    • "Comment cette situation pourrait-elle s'avérer être dans mon meilleur intérêt ?" 
    • "Comment est-ce que je me juge ou comment est-ce je juge quelqu'un d'autre ?" 
    • "Est-ce que c'est si important — "Est-ce vraiment important ?" 
    Toujours pour le mieux, le processus continue son œuvre :
    1. Je rencontre une situation. 
    2. Je me sens épuisé (fâché, apeuré, craintif, etc). 
    3. J'accepte la responsabilité pour ces sentiments. 
    4. Je me demande la bonne question pour intervenir dans la situation. 
    5. Je réponds à la question honnêtement. 
    6. Le stress s'en va. 
    Oh, oui… si c'était aussi facile. À première vue, ça semble difficile. Mais c'est, en fait, très simple.
    Le message sous jacent ici, c'est que nous sommes responsables de la façon dont nous sentons présentement. Nous sommes en quelque sorte responsables de nous sentir épuisés, "stresSsSsés". En ce moment présent, nous avons tous le pouvoir de choisir la sérénité plutôt que le stress. La question qui se pose alors, c'est "Est-ce que je désire marcher dans ce sens (ou juste parler de faire une promenade dans ce coin) ?"

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