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Les archives de Sophie Daout

Vol.1 No. 01
C'était il y a plus de vingt ans, et c'était mon fils !

Longtemps je n'avais pas voulu savoir, longtemps j'avais ignoré les signes ! J'avais déplacé le problème, je ne voulais pas admettre que mon enfant se droguait, non ! Il était malade et nous allions le soigner! Mais la came, bien sûr que non, pas chez nous !

Il a fallu qu'il vienne à la maison, encadré par deux inspecteurs de police et menottes aux poignets, pour qu'enfin je cesse d'être dans le déni !

Alors a commencé pour moi un défi impossible : j'allais sauver mon fils, même à son corps défendant. J'allais y consacrer ma vie. Je serais plus forte que la drogue! On allait voir ce que l'on allait voir ! Je sous- estimais largement l'ennemie !

Pendant des jours et des nuits après la sortie de prison, je n'ai plus eu que cet objectif. Je le surveillais constamment. Presque de force, je le conduisais chez le médecin, chez le psy, je l'accompagnais le plus souvent possible. Mon emploi du temps se calquait sur le sien. Quand il sortait, j'étais dans l'inquiétude et dans l'angoisse quand il tardait trop. Quand il ne rentrait pas, je sillonnais la ville jusque dans les endroits peu sûrs. Je faisais exactement le contraire de ce que j'aurais dû faire !

J'étais dans la co-dépendance et je ne le savais pas !

C'est mon fils aîné qui m'a ramenée sur terre.

Un jour, il me déclare tout de go qu'il souhaite me parler. J'écoute, je t'écoute mon fils !

" Tu sais maman, me dit-il, franchement je ne te reconnais pas ! J'avais autrefois une maman attentive, à l'écoute, et désormais il n'y en a plus que pour mon frère ! Que faut-il faire pour que tu t'intéresses à nous, ma sœur et moi ? Devrions-nous voler, nous droguer ou dealer nous aussi pour que tu voies que nous existons ? Et ton mari, maman ? Le vois-tu encore ? A ton travail, c'est vrai tu es toujours présent, mais excuse-moi, tu n'es là non plus, plus la même. Avant, tu savais écouter et tes conseils étaient précieux. Aujourd'hui ton corps est là, mais ton esprit est ailleurs. Tu n'es plus efficace ! "

Bien sûr que dans un premier temps, j'ai eu du mal à accepter ce discours. Mais à la réflexion, j'ai compris que Gauthier avait raison, et c'est grâce à lui que j'ai réagi. Merci mon fils !

Souvent aujourd'hui encore, j'entends les dégâts que provoque la drogue au sein des familles. Le toxicomane devient l'unique sujet centre de préoccupation des parents, et la violence fait son entrée dans le quotidien. Mais trop souvent hélas, la souffrance des frères et sœurs n'est pas prise en compte car on ne la voit pas.

Grâce à mon fils, je la connais, et désormais je dis à tous que dans les problèmes liés à la toxicomanie, il faut certes s'occuper du jeune, mais il ne faut pas oublier le reste de la famille.

Sophie Daout, le 1er décembre, 2006
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Vol.1 No. 02
C'était il y a cinq jours.

Comme souvent, je suis contactée par téléphone, et exceptionnellement par un homme. Généralement, ce sont des femmes qui m'appellent.

Ce monsieur souhaite un conseil pour sa nièce, la fille de sa sœur, toxicomane. Je lui suggère de donner mes coordonnées à la maman de la jeune-fille afin que nous nous rencontrions. Il va le faire, me dit-il, mais il pense que sa sœur ne fera pas la démarche, parce qu'elle ne tient pas à rendre publique une situation dont elle n'est pas fière. A lui, son frère, elle a aussi demandé de ne rien divulguer de leur conversation, il ne doit en parler à personne ( sauf à moi !), ni à ses propres enfants, ni même à sa femme.

C'est sur cette attitude que je voudrais m'étendre aujourd'hui. Au sein de notre association, nous rencontrons souvent des familles d'un toxicomane terrassées par le chagrin et qui, par peur du jugement d'autrui ou par honte, refusent d'en parler. Or, en agissant ainsi, ces familles s'enferment encore davantage. On ne peut pas lutter contre un ennemi si on ne le nomme pas, on ne peut pas le combattre si on s'isole. Nous faisons parfois, quand nous avons une demande de plusieurs parents, des formations pour adultes au cours desquelles nous leur apprenons à reconnaître les signes d'un début de consommation chez leurs ados, nous les informons sur les produits…etc. Après ces séances de formation que j'assure personnellement quasiment toujours, je me sentais frustrée. Et j'ai décidé de changer de méthode.

En fait maintenant, nous commençons toujours par un tour de table où chacun se présente et raconte son histoire. Nous y passons tout le temps nécessaire, quitte à faire une autre séance si nous n'avons plus le temps suffisant pour faire notre information. Ce temps n'est pas perdu, mais c'est au contraire du temps gagné. Car c'est par la parole que la situation peut se dénouer. D'entendre les autres se raconter, et d'observer que ce qui se passe chez soi se déroule aussi dans d'autres familles, permet de rompre l'isolement et de mettre à distance le sentiment de culpabilité. Mettre des " mots " sur ses " maux ", et sentir qu'on est compris, c'est déjà agir. Depuis que nous avons ouvert ces groupes de parole, j'ai vu des parents qui étaient entrés la tête basse et muets, repartir avec le sourire et décidés à se battre.

Je pense que la maman de la jeune-fille a encore un long chemin à parcourir et j'ai demandé à son frère de l'aider à comprendre que son silence participe à son exclusion. Je lui ai conseillé de demander à sa sœur de le délivrer de son secret au moins en ce qui concerne sa femme.

Pour l'instant, la maman de la jeune toxicomane ne m'a pas encore téléphoné !

Sophie Daout, le 8 décembre, 2006
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Vol.1 No. 03
L'écriture comme thérapie

Je me dis aujourd’hui que, dans toute situation, dans toutes les épreuves que la vie nous envoie obligatoirement, nous avons le choix : ou bien nous nous lamentons sur notre sort en adoptant une fois pour toutes le rôle de victime, ou bien nous cherchons ou plutôt nous donnons du sens à ce qui nous arrive.

La vie ne m’a pas épargnée à travers mes enfants. L’entrée dans la drogue de mon fils Lionel m’a dans un premier temps complètement désorientée et désorganisée. Je ne m’attendais pas du tout à vivre cette aventure, (le malheur, c’est toujours pour les autres, c’est bien connu !), et j’ai choisi alors une bien mauvaise solution. Je suis tombée malade, j’ai sombré dans une belle dépression nerveuse qui m’a occupée pendant deux ans et demi. Et puis s’est faite la prise de conscience grâce à mon fils aîné, comme je l’ai expliqué dans ma dernière chronique. C’est ainsi qu’au désespoir j’ai préféré l’action, l’écriture dans un premier temps puis mes actions de prévention sur le terrain, ce qui constitue l’essentiel de mon emploi du temps actuellement. Ces actions sont d’ailleurs étroitement liées à l’écriture, ce sera le sujet d’une prochaine réflexion!
Mais ma plus grosse souffrance est liée au décès de Gauthier, mon fils aîné, mon enfant, ma merveille! Là, j’ai bien cru que je n’allais pas survivre à cette épreuve! C’était il y a six ans, si loin déjà, si proche cependant! Tous les jours, oui tous les jours, à tous les instants, je pense à mon fils!
J’ai appris sa mort le 9 juin 2000.

J’étais effondrée, incrédule. C’était impossible, pas lui, pas lui, ce n’était pas vrai, il n’était pas mort!
Comment peut-on vivre un tel malheur?

C’est encore une fois l’écriture qui m’a sauvée, et d’une manière assez inattendue. Jusqu’ici, j’avais toujours écrit facilement, mais tout  à coup, les mots sont nés de moi autrement. Je me souviens parfaitement des circonstances qui ont entouré cette naissance.
J’étais revenue des obsèques de mon fils en région parisienne et j’étais chez moi, devant mon ordinateur, muette, prostrée. Nous étions  le 19 juin, je ne voyais rien, je n’entendais rien…quand tout à coup une petite musique s’est imposée à moi. Comme tous ans, pour fêter l’arrivée de l’été, ma cigale, celle de mon pin parasol, ma cigale était revenue et à pleine voix, célébrait la vie. Je ne pouvais pas supporter son chant, j’avais trop de peine. Je l’ai sommée de se taire, rien à faire ! Alors j’ai écrit :

« Comme elle est bête ma cigale,
Celle de mon pin parasol
Qui chaque matin me régale
De son crincrin en fa en sol

On ne t’a donc rien dit, cigale,
Mon fils est mort, je suis perdue,
Même ta chanson me fait mal,
Je souffre trop, je n’en peux plus

Comme elle est têtue, ma cigale
Elle vibre de tout son corps,
Je crie : « tais-toi ! », elle s’emballe
Et chante de plus en plus fort.

Son chant obstiné me répète
« La vie est là, écoute-moi
Ne crois pas que je sois si bête
En chantant mon hymne à la joie !

Je connais très bien ta souffrance,
Je la respecte, je la vois,
Mais je te chante l’espérance,
Car ton fils est vivant, crois-moi !

Pardonne-moi si par déveine,
Je ne comprends pas bien ton chant
Pour aujourd’hui, j’ai de la peine
Je ris un peu, pleure souvent !

Ma cigale est intelligente,
Celle de mon pin parasol,
Mais ce soir c’est à une absente
Qu’elle chante son chant  en sol ! »


















Mon poème à la cigale était le premier de 450 autres, alors que je n’avais jamais écrit un seul vers auparavant! Pourquoi la poésie est-elle ainsi venue à mon secours?

Je poserai la question dans une prochaine chronique, mais peut-être quelqu’un m’apportera-t-il sa réponse à lui?
 
 
 

Sophie Daout, le 15 décembre, 2006
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Vol.1 No. 04
Mon premier livre et mon action de prévention

Depuis près de quinze ans maintenant, c’est à dire depuis la parution de mon premier livre « Lâche ta drogue…et tiens bon ! », je m’occupe de la prévention auprès des jeunes.

Mon livre est sorti en 1992. En fait, je n’avais jamais imaginé qu’un jour je deviendrais un écrivain…ou une écrivaine, puisque le terme existe ! Moi,  je me considère surtout comme une écrivante.

Ce premier livre, je l’ai écrit pour moi, essentiellement pour moi, d’une part, pour sortir de moi cette souffrance qui me rongeait et d’autre part pour y voir clair, pour tenter de comprendre les raisons pour lesquelles mon propre enfant se droguait. Car s’il en était ainsi, c’est bien sûr parce que j’avais raté quelque chose. Mais où et quand ? Le sentiment de culpabilité me suggérait que j’avais été une mauvaise mère, et tout ce en quoi j’avais cru jusque là, le fondement essentiel de mon existence s’écroulait. Il fallait que je refasse le chemin, que je me raconte l’histoire pour  retrouver le moment où je m’étais trompée. Alors j’écrivais, tous les soirs, je revenais sur les événements de ma vie, je faisais mon auto analyse. Cependant mes mots alignés ne rendaient pas compte de la réalité tout entière car j’en refusais le début, je ne voulais pas revenir dans mon enfance. C’est un jour de grande colère contre mon médecin qui me poussait à publier mes notes que j’ai pu libérer tout ce pan de ma jeunesse. Ma fureur s’est tout à coup tournée contre ma sœur Carole qui vit à 800 km de chez moi et avec laquelle j’avais alors très peu de contact, et c’est grâce à la force de cette émotion que j’ai pu retrouver ce passé que j’avais décidé d’enfouir une fois pour toutes dans ma mémoire.

J’avais treize ans et j’étais très naïve. Un jour, j’ai été déçue par un adulte, ami de mes parents : profitant d’un moment où j’étais seule avec lui, il avait tenté sur moi des gestes qui m’avaient à la fois surprise et déstabilisée. Je m’en étais plutôt bien sortie, mais je m’étais sentie salie et honteuse, et aussi un peu coupable, mais de quoi ? Rapidement, ce sentiment avait laissé la place à la colère et j’avais raconté l’incident à mes parents. Je craignais que mon père ne soit trop violent avec son ami ! Mais il n’avait pas réagi, me disant que j’étais une grande fille qui avait su se défendre !! L’enfant que j’étais alors s’était estimée lâchée …et j’avais fait payer leur trahison à mes parents en devenant odieuse. Mon adolescence avait été difficile, et le climat à la maison était devenu exécrable. Ma sœur en avait beaucoup souffert, mais nous n’avions jamais eu d’explication à ce sujet.

Dès que j’ai accepté de me remémorer cet épisode de ma vie, mon livre s’est écrit tout seul en un mois. Très curieusement il a été publié trois mois plus tard, sans que j’y sois vraiment pour grand chose. Et les autres ont suivi, tout naturellement. Et ma sœur est devenue ma meilleure amie !
Ce livre aide, paraît-il,  les parents en difficulté. « Grâce à lui, me dit une lectrice, j’ai pu retrouver ma digité de maman ! ». C’est lui aussi qui m’a lancée dans le monde des médias, radio, journaux ou télévision. C’est lui enfin qui m’a obligée à faire de la prévention, car très vite les demandes sont venues. Il commande et j’obéis.

Les mots ont leur vie propre et les prononcer ou les écrire n’est jamais anodin!!
 
 
 
 

Sophie Daout, le 22 décembre, 2006
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Vol.1 No. 05
Colette
Je reçois aujourd’hui une lettre d’une nouvelle amie, Colette.
Colette Guedj est écrivain et nous nous sommes rencontrées en octobre dans un salon du livre dans lequel nos stands se côtoyaient presque. Nous n’avions jamais entendu parler l’une de l’autre, mais très vite j’ai su qu’elle avait écrit un livre après la mort sa fille. Alors je suis allée vers elle spontanément, je lui ai dit la mort de mon fils, je lui ai offert mon livre : « Mes yeux dans tes cieux » et elle m’a donné le sien : « Le baiser papillon ».
J’ai dévoré son livre et j’ai tout de suite aimé Muriel, si sage et si folle à la fois, si tendre, Muriel qui aimait tant la vie. Et j’ai aimé sa maman à travers le récit empreint d’une grande pudeur et de tant d’amour.
Et aujourd’hui, son mail dans lequel elle me dit avoir achevé la lecture de mon livre.
 

Sophie, tu m'as fait un merveilleux cadeau. J'ai lu et relu ton livre,  et  voici que Gauthier fait maintenant partie des êtres que je connais,  que j'aime d'un amour à la fois pur et compatissant (je souffre  avec ).  Car sa souffrance est tellement perceptible mais aussi sa  force, sa dignité, sa pudeur .Je pense à cette phrase, lorsqu'il  s'est un peu éloigné de toi "les grands oiseaux se cachent pour  mourir" . J'ai été bouleversée par ta façon de raconter votre vie avec
Gauthier, si tendre, si spontanée,  si attentive  aux coïncidences,  si respectueuse aussi des choix de ton fils.

Muriel et Gauthier auraient pu être copains peut-être même copain  copine. Ou plus....Je la vois rire en me traitant de "marieuse". Il y  a beaucoup de points communs entre eux. J'aime à les imaginer  parlant entre eux de leur mère avec tendresse, mais aussi en se  moquant gentiment de nous, de nos inquiétudes.  Et en mettant la leur  entre parenthèses, car tous les deux avaient le souci des autres. Je les entends dire :  "T'en fais pas , on s'en sortira".
Ou encore, comme disait Muriel " C'est pas la mort!"

Tu vois. Ils se marrent  peut-être tous les deux, se disant qu'ils nous ont joué un bon tour, et qu'ils n'avaient pas besoin de nous  pour se rencontrer. »

 Dans son petit mot, Colette répond en partie à la question que je me posais : Pourquoi pendant les trois années qui ont suivi la mort de mon fils, n’ai-je écrit que des vers ? Pourquoi des poèmes sont-ils nés de ma plume alors que jamais je n’avais écrit de cette façon auparavant ?
 

 « Tes poèmes m'ont  beaucoup émue, m’écrit-elle, on se rend compte à quel point la poésie peut  permettre un certain recul , à travers elle on peut mettre en mots la  douleur et elle devient respirable, et parfois ainsi mise en  musique,  elle nous berce et nous apaise. »

Oui, pour approcher une telle souffrance, les mots ordinaires ne suffisaient pas, trop durs, trop pauvres aussi pour rendre compte de l’insoutenable…Alors des poèmes, oui des poèmes qui chantonnent, qui bercent, qui endorment un peu la douleur, une petite musique qui rassure, qui calme…

Quand j’ai cessé d’écrire mes poèmes, enfin j’ai pu parler directement à mon fils dans ce livre « Mes yeux dans tes cieux », qui retrace bien mon long voyage dans le tunnel. J’avais enfin accepté l’inacceptable et surtout choisi de vivre malgré tout !
 
 
 

Sophie Daout, le 29 décembre, 2006
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Vol.1 No. 06

Mes mots sont des voyageurs

Mes mots sont des voyageurs velléitaires qui tardent pourtant à prendre leur essor. La preuve m’en a encore été donnée hier par la lettre de Gareth.
Gareth est américain et nous nous connaissons depuis longtemps. Il m’écrit : « Vous nous manquez ! » Gauthier, mon fils aîné et Gareth avaient  sympathisé il y a de nombreuses années alors que le premier était répétiteur de français et le second étudiant dans la même université américaine. Mon fils, qui très tôt a parcouru le monde, avait le don de rassembler et avait des amis un peu partout…

La mort de Gauthier a stupéfié Gareth. Il ne comprenait pas comment un garçon si amoureux de la vie, avait pu ainsi décider de s’en aller. Pendant plusieurs mois, il a été dans l’incapacité de communiquer avec moi, tant son chagrin était grand. Et puis les mois ont passé, et est venu le temps où Gareth a souhaité parler de son ami. Je lui ai alors fait parvenir mon livre : « Mes yeux dans tes cieux », où, comme je l’ai dit dans une précédente chronique, je peux enfin parler de mon fils en m’adressant à lui, après n’avoir été capable d’écrire que des poèmes pendant les trois ans qui ont suivi son décès. Gareth a lu ce livre le cœur étreint mais les yeux secs, et petit à petit, il a enfin pu pleurer, ce qui lui a fait beaucoup de bien. Et puis, il a pris une décision : sans me le dire, il a commencé à traduire ce livre, ce qui a été pour lui très difficile, d’une part parce qu’il était souvent submergé par l’émotion et d’autre part parce qu’il tenait à être, dans sa traduction, au plus près de ce que j’exprimais. Les poèmes, en particulier lui ont souvent posé problème. Il lui a fallu de nombreux mois pour venir à bout de ce devoir de mémoire. Mais depuis hier, c’est fini. Gareth nous a fait, à mon fils et à moi un somptueux cadeau.

Que va devenir ce texte ? Je ne le sais pas, mais je pense qu’il va s’envoler et peut-être intéresser un éditeur anglo-saxon. Car n’est-elle pas universelle la souffrance ressentie après la mort d’un enfant ? Je suis française certes, mais dans ce deuil je ne suis plus qu’une maman ! Comment ce livre va-t-il se trouver un jour, traduit en anglais, entre les mains de parents qui viennent de subir la même épreuve et leur apporter les mots pour le dire ? La façon dont mes livres se sont édités a toujours été très surprenante. Comment celui-ci va-t-il s’y prendre?

Le dernier en date  de mes livres, « Jamais douces les drogues », semble décidé lui aussi à s’en aller très loin. En effet, il intéresse un jeune Vietnamien qui souhaite en faire une traduction dans sa langue. Vogue, vogue mon livre !

Des amis québécois ont emporté quelques exemplaires de l’un ou l’autre de mes livres. Parler la même langue facilite quand même bien le partage. Je suis très émue en pensant que mes chroniques peuvent être lues Outre-Atlantique et j’aimerais vraiment en avoir le retour de temps à autre comme je suis toujours ravie de recevoir la lettre de l’un de mes lecteurs. C’est toujours un cadeau et une surprise.
Bonne année 2007 à ceux qui liront ces lignes…et à bientôt peut-être !
 

Sophie Daout, le 5 janvier 2007
 
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Vol.1 No. 07
Pendant les fêtes de Noël, je me suis rendue à Paris et je me suis promenée sur les bords du canal Saint Martin. Le regard des passants se portait naturellement vers des tentes de différentes couleurs, serrées les unes contre les autres.. C'était un spectacle inhabituel. Il s’agissait de l’initiative d’une association dont nous commencions à entendre parler dans les médias, appelée « Les Enfants de Don Quichotte » et qui avait décidé de mettre en lumière le problème des sans abris.

Dans la société actuelle en effet qui se soucie des Sans Domicile fixe ? Certes, lorsque nous en croisons un, nous avons un peu honte et nous éprouvons pour lui de la compassion. Nous glissons une pièce dans sa main tendue, et nous nous esquivons pour rentrer chez nous où il fait bien chaud… Et puis nous n’y pensons plus. Le drame de tous ces êtres humains, nos frères, nous le chassons rapidement de nos pensées.
Et voilà que des tentes plantées en plein cœur de Paris, nous obligent à nous en souvenir. Le mouvement s’étend en France, dans plusieurs villes, Bordeaux, Nice… et les politiques s’inquiètent et se mettent à chercher et à proposer des solutions. Sans grandes phrases et sans violence, l'association "Les enfants de Don Quichotte" aura réussi en quelques jours mettre en lumière un problème de société crucial et à faire avancer les choses. Bien sûr que l'action pourra être récupérée ça et là, par des personnes dont les intentions ne sont pas aussi pures que celles d'Augustin Legrand, le comédien qui est à l’origine de l’idée, mais est-ce vraiment important? Je constate qu'un mouvement de la rue peut éveiller les consciences et apporter des solutions.

Peut-être avons-nous là un exemple à suivre. En effet, qui, aujourd’hui s’intéresse au danger que représente la drogue pour les jeunes ? Moi, bien sûr, et pour cause, parce qu’elle a cassé mon fils ! Moi, et quelques parents concernés par le problème, hélas ! Mais pour les autres, ils préfèrent ne pas voir ou ne pas savoir ! Quant aux politiques, ce n’est pas du tout leur préoccupation, alors qu’il serait urgent de mettre en place une véritable action de prévention. Nous sommes en France en période pré électorale. Les présidentiables déclarés ou non,  se battent à coup de déclarations d’intention très louables. Je pense qu’il serait temps pour nous de poser à chacun des candidats des questions précises sur la façon dont il envisage la lutte contre la drogue.

C’est ce que nous allons faire !
 

Sophie Daout, le 12 janvier 2007
 
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Vol.1 No. 08
Les mots et leurs messages

« L’un de mes livres, « Emilie ou les mots dits », est un roman. Il est né de façon très curieuse, des confidences d’une amie que j’ai aidée dans une période difficile. Emilie, l’héroïne est une jeune-fille boulimique, et dans ce roman, j’ai livré beaucoup de mon expérience d’enseignante et d’éducatrice. Le titre porte en lui un mystère : « Les mots dits »…ou « les maudits » ? On entend la même chose. Et en effet, je crois profondément qu’il faut dire les mots pour n’être pas maudit, que « maladie » et « mal à dire » ont vraiment un lien, qu’il est important de pouvoir mettre des « mots » sur nos « maux »,  et que partager ses émotions aide à mieux vivre. Je crois aussi que, comme l’écrivait Rabelais, la joie est un bon médecin et que le rôle du « gai rire », est de guérir vraiment.

Les mots ne sont pas anodins. Ils sont, comme les êtres humains,  porteurs de messages ou de promesses, parfois tenues et parfois fausses.
Quand je me rends dans les classes pour faire de la prévention contre la drogue, j’aime parfois jouer avec les jeunes à  écouter parler les mots. Jouez avec les mots, et ils vous apprendront beaucoup, ils vous parleront et ils vous livreront des secrets !
Dans la drogue, le vocabulaire a beaucoup d’importance. Les mots mentent ou bien disent seulement une partie de la vérité. Par exemple le mot « pétard ». Les pétards évoquent la fête les feux d’artifice, la joie. Et dans un premier temps, le cannabis tient cette promesse. Mais un pétard, c’est aussi un pistolet qui peut blesser ou même tuer, et le cannabis nous montre qu’il est capable de cela aussi. Quelquefois, on l’appelle le shit, et dans sa version anglaise que je ne veux pas traduire ici, ce mot là dit bien la vérité !

L’héroïne ! Voilà encore un joli mot menteur ! Dans un roman, qui est l’héroïne ? C’est une jeune fille, malheureuse souvent, belle comme il se doit, à laquelle le lecteur s’attache au fil des pages.  A la fin du livre, souvent, elle trouve le bonheur. Appeler héroïne » une drogue n’est pas innocent. En effet, avec un nom pareil, ce produit peut sembler attirant par le mystère qui l’entoure.

Quant à l’ecstasy, elle nous promet plus encore. En effet, ce mot nous en rappelle un autre, l’extase. Or, qu’est-ce que l’extase, sinon le bonheur absolu dans lequel s’abîment les saints ? Il y a dans ce mot, une note de mysticisme, de recherche spirituelle. Qui ne souhaiterait pas vivre une telle harmonie? Devant le visage extatique du Bouddha, nous nous prenons à l’envier. Or quand on sait que certains jeunes, après une seule prise d’ecstasy parfois, restent « perchés » et enfermés à vie dans une structure psychiatrique,  ou bien en meurent , on se prend à penser que, dans ces cas là, on est bien loin de l’extase promise !

Je dévoile quand je parle aux autres de par le vocabulaire que je choisis d’employer, et de la même manière une société nous livre sa conception de la drogue dans les mots qu’elle décide de lui attribuer. « Pétard, Ecstasy, héroïne, drogue douce ou drogue festive », voilà bien des termes qui donnent aux produits une belle aura et le désir d’en consommer. Pourquoi donc alors chercher à réprimer ce qui est censé vous rendre heureux ?
Ces mots là font partie de la désinformation et faire de la prévention est parfois une tâche vraiment difficile !
 

Sophie Daout, le 19 janvier, 2007
 
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Vol.1 No. 09
L’abbé Pierre est mort

Le 22 janvier 2007, l’abbé Pierre est mort et la France est en deuil.

Dans l’une de mes chroniques, j’évoquais « Les Enfants de Don Quichotte ». Bien avant ce mouvement, l’abbé Pierre s’était longuement battu pour les sans logis, puisqu’il avait fondé « Les Compagnons D’Emmaüs » en 1949.

Nous étions habitués à son image de grand barbu en soutane, en grosse pèlerine et godillots. Il était pour nous une sorte de héros populaire exigeant et véhément,  une sorte de chevalier défenseur des plus faibles.

L’histoire de l’homme est complexe et riche. A 17 ans il devient Franciscain, et pendant la seconde guerre mondiale, il est mobilisé comme sous-officier. Il devient un grand résistant, fabriquant des faux-papiers et faisant passer des juifs en Suisse. C’est dans la clandestinité qu’il prend le nom d’abbé Pierre. Plus tard il sera député, mais le soir venu, il quittait l'enceinte du Palais-Bourbon, pour aller rejoindre les miséreux.
C’était l’une des personnalité préférée des Français. Cette popularité lui plaisait et lui pesait aussi. « C’est à la fois une arme et une croix »-, disait-il et il avait demandé à être retiré du classement. Grand sportif, il n'hésitait pas à faire des plongeons spectaculaires pour attirer l'attention du public et des médias.

Pendant l’hiver 1954, une femme puis un bébé meurent de froid. Il lance alors un appel à la radio : « Mes amis, au secours… Une femme vient de mourir gelée cette nuit à 3 heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l'avait expulsée. Devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre les hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure ». C’est alors "l'insurrection de la bonté" à Paris et en province. L’appel rapportera 500 millions de francs.
Derrière le prêtre et le militant, l’homme est lui aussi attachant. Je ne l’ai pas connu et je le regrette, mais en revanche j’ai eu la joie de travailler comme bénévole à l’accueil des SDF et d’y côtoyer Sœur Emmanuelle. Celle-ci, en apprenant la mort de son ami s’est dite « très émue » et a confié ceci à un journaliste: « .. En plusieurs occasions il m’a révélé ce qu’est l’amour authentique et universel. Alors que, transportée de joie, je lui faisais part de l’ouverture de ma première école dans un bidonvillle, après une minute de silence, il me dit simplement, avec une ombre sur le visage : « Et les autres ? »

Toujours révolté contre les injustices, cet homme était notre conscience. Il était aussi très proche de nous et dans son livre « « Mon Dieu… pourquoi? », écrit en 2005, il prend position sur des problèmes de société qui font de lui un précurseur d’idées non encore admises par l ‘Eglise.
Quand mon fils Gauthier est mort, Sœur Emmanuelle m’a téléphoné et elle a pleuré avec moi. Elle m’a demandé sa photo qu’elle a mise sur sa table de chevet , et elle a prié pour lui. Peut-être le fait-elle encore. Elle aussi m’a montré le chemin de l’amour inconditionnel.
Car l’amour est vraiment la clé. Lorsque dans les écoles en réponse à la question d’un enfant, je lui apprends que « non, je ne vis pas de l’argent de mes conférences puisque j’interviens toujours gratuitement », dans son regard à l’étonnement se mêle du respect. Et quand un autre demande alors pourquoi je fais cela, ils découvrent tout seuls que c’est par amour pour eux ! Dans notre monde où se dressent de plus en plus de murs, et entre autres le mur du silence autour des problèmes de société qui dérangent, certains hommes ou certaines femmes tentent de jeter des ponts et au delà des murs, de retisser des liens entre les humains.

Ils sont pour moi porteurs  de vérité et d’espoir. Ils sont des exemples.
L’abbé Pierre a demandé que soit écrit sur sa tombe : « Il a essayé d’aimer » !
Je voudrais bien moi aussi, mériter cette épitaphe ! Mais le plus tard possible, bien sûr !
 

Sophie Daout, le 26 janvier, 2007
 
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Vol.1 No. 10
« Folle prière »

C’était le 11 septembre 2001.
Je venais de subir une opération des deux pieds qui m’obligeait à rester alitée pendant six semaines. Je m’étais donc organisée. J’avais installé un transat tout près du téléphone, j’avais une pile de dix mille livres à côté de moi, j’avais mis à portée de ma main toutes les télécommandes de la maison, celle du lecteur de CD, celle de la télévision, celle du portail électrique, celle du lecteur de cassettes vidéos…et j’en oublie certainement !
En dépit de mon inaction forcée, le temps passait vite, entre la lecture, les visites des amis, l’écoute des disques ou les programmes de télé. Je ne m’ennuyais pas.

Et puis soudain, des images choc sur mon écran de télévision : un, puis deux avions s’encastrent dans les tours du World Trade Center que nous avions visitées, mon mari et moi, l’année précédente. C’est un événement unique, tragique, les morts s’entassent et le monde entier s’émeut.
De cette tragédie, est né immédiatement dans ma tête un poème.
Je l’ai appelé

« Folle prière »
Les vieux démons de la démence
Sont déchaînés et dansent, dansent
Sur les violons de la violence.
C’est un bal apocalyptique
Qui secoue toute l’Amérique
J’ entends sa sinistre musique.

La ville est un grand cimetière,
J’adresse au ciel une prière
Au nom du Fils, au nom du Père.
« Il faut mourir la guerre est là »,
Crie la voix d’un ayatollah,
Au nom de Dieu, au nom d’Allah !

C’est l’homme que l’homme bafoue
Le monde est-il devenu fou ?
Cette question, je vous avoue
Qu’en la posant coulent mes larmes.
On fabrique et on vend des armes
On blesse, on tue à grand vacarme !

Les hommes ont décidé la guerre,
Meurent les fils, pleurent leurs mères,
Et dure, dure la misère !
Résonne le son du clairon,
Tu marches au pas, je tourne en rond,
Cœur torturé, migraine au front.

Au mal opposer la tendresse,
A la blessure une caresse,
A la tristesse, l’allégresse.
Recouvrir les murs de poèmes,
A profusion, comme l’on sème,
Sans cesse répéter « Je t’aime ! »

Parier l’amour contre la mort,
Et tenter d’espérer encore !

Je viens de retrouver ces lignes que j’avais complètement oubliées et j’avoue qu’elles m’ont touchée. J’aime bien la fin :
« Parier l’amour contre la mort
Et tenter d’espérer encore ! »
Oui, croire en l’amour en dépit de tout, rester debout et continuer à être vivante et présente pour les autres.
Tenter d’espérer malgré tout !
 
 
 
Sophie Daout, le 2 février, 2007
 
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Vol.1 No. 11

Je connaissais déjà le GHB, appelée aussi la drogue du viol, et j’en parle aux plus grands dans mes séances de prévention, en leur donnant les conseils d’usage : « Quand vous sortez en boite, surveillez votre verre, videz-le avant d’aller danser ou laissez-le sous surveillance. Surveillez-vous les uns les autres et si l’un(e) de vos ami(e)s se met à avoir un comportement bizarre, entourez-le ! ».

J’ai rencontré des ados qui avaient été victimes de cette drogue. L’une d’elles surtout m ‘a émue. Violée sans doute après une absorption de GHB, elle s’était retrouvée au petit matin grelottant de froid, nue sous son manteau, courbatue… et errant dans la ville. Elle était allée danser la veille au soir et ne se souvenait plus de rien. Avec ses parents, elle était allée porter plainte dès le lendemain, mais contre qui ? Elle ne se rappelait aucun détail de son agresseur. Et même le terme d’ « agresseur » avait semblé abusif aux policiers, puisqu’elle avait suivi cet homme qui « n’avait exercé contre elle aucune violence ». Cette jeune fille m’avait raconté cela en pleurant et se disait « détruite » par son aventure. Elle était devenue paranoïaque, voyant des ennemis partout, et se sentait sale. Pendant deux ans, elle s’était terrée chez elle, et passait son temps sous la douche où elle frottait son corps jusqu’au sang pour pouvoir « arracher cette saleté ! ». Elle s’était trouvée relativement chanceuse de n’avoir pas conçu un enfant à la suite de ce viol.
Les choses vont vite dans la drogue aussi, et maintenant les violeurs au GHB  ont éliminé le risque  de grossesse consécutif à leur forfait, comme l’indique le fait-divers suivant :

« Une jeune fille qui était à la boîte de nuit LE ZEN à Saint-Étienne, pendant La nuit du samedi 10 septembre, a été enlevée par 5 hommes. Selon les rapports d'hôpital et de police, la bande l'a violée avant de la laisser incapable de se rappeler les événements du soir. Les tests ont confirmé plus tard les viols répétés et des traces de Rohypnol dans son sang et de Progesterex, qui est une petite pilule utilisée essentiellement pour la stérilisation. Cette drogue est maintenant utilisée par les auteurs de viol dans des soirées pour violer ET stériliser leurs victimes. Le Progesterex est disponible aux vétérinaires pour stériliser de grands animaux. La rumeur est que le Progesterex serait utilisé jointement avec le Rohypnol, la drogue du viol. Comme avec Rohypnol, tout ce qu'ils doivent faire est de le laisser tomber dans la boisson de la fille.
La fille ne se rappelle rien le lendemain matin de ce qui a eu lieu la nuit précédente. Le Progesterex, qui se dissout dans les boissons facilement, empêche que la victime soit enceinte suite au viol. Ainsi, l'auteur du viol n'a pas besoin de s'inquiéter d'avoir un test de paternité l'identifiant quelques mois plus tard. Les effets de la drogue NE SONT PAS TEMPORAIRES, ils sont PERMANENTS.

Le Progesterex a été conçu pour stériliser des chevaux. N'importe quelle femme qui le prend NE POURRA JAMAIS PLUS CONCEVOIR. Les violeurs peuvent obtenir cette drogue auprès de personnes qui étudient dans une école de vétérinaire ou n'importe quelle université. C'est aussi facile que ça et le Progesterex est sur le point d'être présent de plus en plus partout., Il y a même des sites sur Internet disant aux gens comment l'utiliser ».

J’ajouterai donc ce message à mes séances de prévention, surtout en direction des filles. Mais les garçons et les hommes aussi doivent se sentir concernés: car la fille abusée, ce pourrait être leur amie, leur sœur ou leur fille !
 
 
 

Sophie Daout, le 9 février, 2007
 
HAUT DE LA PAGE
































Vol.1 No. 12
Dans ma dernière chronique, je me suis fait l’écho d’un « hoax », c’est à dire de l’un de ces canulars qui circulent sur Internet. En effet, le Progesterex, qui rend stérile dès la première prise, n’existe pas.  Ouf !

Et pourtant cette information ne m’apporte aucun soulagement. Car les drogues du viol, existent bel et bien ! Et le témoignage que j’ai rapporté la semaine dernière est celui d’une jeune-fille déboussolée, qui présente une pathologie gravissime et que personne ne semble pouvoir aider. Je ne l’ai pas inventée, mais c’est une femme réelle, en chair et en os dont j’ai pu sentir le désarroi et la souffrance.
Je fais donc mon mea culpa pour avoir fait confiance à cette information, et je me pose la question de savoir qui peut ainsi s’amuser ou qui a intérêt à répercuter ces « hoax ». Car rajouter de l’horreur à l’horreur, n’empêche pas l’horreur d’exister et puisque donc j’en crée l’occasion, je vais parler plus amplement des drogues du viol et en particulier du GHB.

La méthode utilisée est simple et toujours la même: le futur violeur verse à l'insu de la victime une dose de GHB dans son verre. Il n'a plus qu'à attendre entre 15 et 30 minutes la venue des premiers symptômes. La victime a tout d'abord la sensation d'avoir trop bu, sa vision se rétrécit, son équilibre est gravement atteint et elle n'a plus aucune notion de réalité. Elle est donc tentée de tout accepter, et de suivre n'importe qui, n'importe où. Des jeunes filles racontent la même histoire que celle de mon témoin: dans une discothèque ou même chez des amis, elles partent en suivant un inconnu chez lui ou dans un hôtel. Elles se réveillent le lendemain ou quelques heures après, dans un lieu inconnu, sans jamais se souvenir de ce qui s'est réellement passé !

La victime est complètement déshinibée, et  elle accepte ce qu'elle n'aurait jamais accepté dans une situation normale. La relation sexuelle exercée sans violence, paraît donc tout à fait normale et s'ensuit une non-culpabilisation du violeur. Mais en fait, la relation est forcée puisque facilitée par l'usage d'un stupéfiant et même aggravée puisqu’il y a eu préméditation.. Le « violeur » aura repéré sa victime avant de verser le produit dans sa boisson et ne pourra pas invoquer plus tard la « pulsion » ou l'acte irréfléchi.

Mais la victime devra faire face ensuite à de graves problèmes, et d’abord à un sentiment de culpabilité. La question« comment ai-je pu agir ainsi ? » reviendra chez elle de façon obsessionnelle. Et puis, comme elle ne se souviendra  de rien, elle ne saura pas comment poursuivre le violeur et aura du mal à admettre qu’elle est une victime..

Je continuerai aussi à l’avenir, à faire des recommandations aux jeunes :
Si vous allez faire la fête entre amies et que vous constatez que l'une de vous n'a pas un comportement normal, intervenez !

Ne quittez jamais des yeux votre verre et n'en acceptez jamais venant d'individus que vous ne connaissez pas ou mal.

Les drogues du viol ne laissent que très peu de temps pour réagir. Dès l'instant où vous ressentez la moindre somnolence, de l'euphorie, des hallucinations, des étourdissements, des bouffées de chaleur, des frissons, des nausées ou des difficultés à vous déplacer, demandez vite le soutien d'amis ou des responsables de l'établissement dans lequel vous vous trouvez. Le GHB agit en 15 minutes, (le Rohypnol entraîne le sommeil en 20 à 30 minutes), et parfois peut frapper brutalement. Ces substances peuvent entraîner, selon la dose ingérée, une perte de mémoire, l'inconscience et même le coma.
Comme tout se passe très vite, misez sur la prévention.
Surveillez votre verre en permanence, gardez-le avec vous au gré de vos déplacements. Et si vous l'avez quitté des yeux quelques minutes, allez vous en chercher un autre.
Refusez qu'un inconnu vous offre une boisson et n'acceptez une bouteille d'eau que si elle est capsulée.
Enfin, si possible, ne sortez pas seule et ainsi chacune pourra surveiller ses amies de loin et intervenir si l'une d'elles paraît anormalement ivre.
 

Sophie Daout, le 16 février, 2007
 
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Vol.1 No. 13

Début février, s’est tenue à Paris une conférence sur le thème des « enfants soldats », c’est à dire des enfants recrutés pour la guerre. Cette conférence devait affirmer l'engagement de la communauté internationale à combattre ce fléau, que le ministre des Affaires étrangères français, Philippe Douste-Blazy décrit comme «une bombe à retardement». En 2006, plus de 250 000 enfants appartenaient à des groupes ou forces armés, estime l'Unicef. Dans certains pays, 40 % sont des filles. La notion d'enfant varie selon les législations nationales puisque 60 gouvernements, dont les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l'Allemagne, recrutent légalement des soldats de 16 ou 17 ans, alors que la Convention relative aux droits de l'enfant de 2002 a relevé à 18 ans l'âge minimal d'enrôlement. Depuis 2001, l'Unicef a mis en place des programmes de prise en charge et de réinsertion, dont 95 000 ex-enfants soldats bénéficient actuellement.

Le recrutement se fait parfois par l’octroi d’une somme d’argent, mais parfois encore après une enlèvement, comme au Sri Lanka. Voici ce que raconte une maman : «C 'était fin octobre, mon fils venait de rentrer de l'école. Pendant qu'il faisait la sieste, je suis sortie voir une amie. Tout à coup, des voisins sont arrivés en courant pour me dire que des combattants du groupe Karuna étaient venus chez moi. Quand je suis arrivée, j'ai vu le van blanc qui repartait avec mon fils en train de hurler. Je n'ai rien pu faire. Il avait 15 ans.»

Un jeune Sierra-Léonais de 26 ans, a raconté comment, à 12 ans, «prendre un fusil et tirer sur quelqu'un était devenu quelque chose d'aussi facile que de boire un verre d'eau» .  Mais il y a encore pire qu'avoir été un jeune garçon, arraché à sa famille, parfois drogué, formé à tuer, à piller et à violer. Le pire, c'est d'avoir été une fille enfant soldat.

Car les filles sont les grandes oubliées des programmes de démobilisation et de réinsertion alors qu’elles représentent jusqu'à 40 % de certains groupes de jeunes combattants. Pourquoi ? parce qu’elles sont souvent violées, rejetées par leur famille  dont elles sont devenues la honte, et qu’elles hésitent à se faire connaître. Elles ont parfois des enfants nés de ces viols, et elles sont alors  répudiées par leur communauté d'origine car on ne peut pas « accepter les enfants de l'ennemi ». Elles sont salies à tout jamais et la honte rejaillit sur leur famille. Voilà pourquoi elles évitent tous les dispositifs de recensement.

Le problème de ces enfants rejoint pour moi un autre problème, celui de la généralisation de la consommation des drogues par les jeunes et du rajeunissement de l’âge des premières consommations. Nos pays occidentaux ne sont pas en guerre et pourtant nos enfants sont aussi attaqués, d’une autre manière. Et ceci sous le regard indifférent d’une société laxiste  et déboussolée.

Une société qui ne respecte pas l’enfance et qui ne protège pas ses petits, est une société qui va vraiment mal.
 
 

Sophie Daout, le 23 février, 2007
 
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Vol.1 No. 14

Je voudrais parler aujourd’hui d’Ingrid  Betancourt, retenue en otage depuis le 23 février 2002 par les FARC, l’une des guérillas colombiennes.
Nous avons l’habitude de voir à la télé et dans la presse, sa fille Mélanie qui demande régulièrement aux autorités françaises d’intervenir auprès de la Colombie pour libérer sa mère. En cette période d’élection, les candidats à la présidentielle ont accepté de recevoir la famille et ont «apporté leur soutien.»

En 1989, la Colombie, est au bord du gouffre, saignée par des années de guerre. Pris entre la guérilla marxiste, les paramilitaires, les cartels de la drogue et les politiciens impuissants ou corrompus, peu de gens osent se lever pour offrir une autre vision au peuple Colombien. Ingrid Betancourt décide de le faire. Elle décide de se lancer en politique avec son amie Clara Rojas. Elle est élue députée en 1994. En 1998, elle fonde son propre parti, "Oxygène", et se présente au Sénat. Elle est la candidate qui, contre toute attente, remporte le plus grand nombre de voix au niveau national. Elle condamne la corruption, la violence, se bat pour le développement régional, pour les plus démunis. Elle est menacée de mort à plusieurs reprises, échappe à un attentat. Elle est obligée d'expatrier ses enfants. Elle est régulièrement prise à partie par les journaux, les accusations les plus odieuses sont portées contre elles par ses pairs et relayées par des journalistes peu scrupuleux. Elle doit défendre plusieurs fois son honneur en public et en sort toujours blanchie. Elle est bientôt convaincue que la seule façon de changer le système est de se faire élire à la présidence en mai 2002. Elle démissionne donc de son poste de sénateur fin 2001, non sans lancer un retentissant "Lorsque je serai Présidente, je vous démissionnerai tous!" avant de quitter l'hémicycle.

J’avais lu son livre « La rage au cœur »au moment même de sa parution en 2001. J’avais été émue par l’engagement de cette femme et admirative de son courage politique. Sur la quatrième de couverture, on peut lire « :  …  elle  mène une lutte dangereuse contre le népotisme, a corruption et les cartels de la drogue qui paralysent son pays…. Elle peut à tout moment être abattue par un tueur à gages pour avoir osé défier de puissants intérêts criminels. Son engagement sans concession fait d’elle une héroïne susceptible de changer le cours de l’histoire de son pays ».

Le 23 février 2002, tout au début de la campagne électorale, Ingrid et sa directrice de campagne, Clara Rojas, sont enlevées par les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) sur la route de San Vincente.

Pour commémorer le cinquième anniversaire de son enlèvement, ses proches ont organisé un rassemblement à Paris, devant la fontaine Saint-Michel. Ses deux enfants et son ex-mari, Fabrice Delloye, ont dénoncé l’attitude de la Colombie et de la France dans ce dossier lors d’une conférence de presse.

«  Ca fait un quinquennat que maman a été enlevée. Elle n’en supportera pas un autre.» dit son fils Lorenzo. Sa soeur, Mélanie, ajoute: «Derrière une grande compassion, il n’y a pas de volonté politique» de libérer Ingrid Betancourt. Elle reproche aux autorités françaises de ne pas réagir lorsque, selon elle, le président colombien «marche sur les pieds du gouvernement français». Elle dénonce la volonté du président colombien Uribe de recourir à la force «alors qu’il sait pertinemment qu’une opération militaire ne peut finir que dans un bain de sang.»
Quant à Fabrice Delloye, son ex-mari français, il dit : «il ne faut plus de la compassion. Il faut de l’action!» Il invite les politiques à tenir les engagements qu’ils viennent de donner à la famille de l’otage. Pour lui, le président colombien est «férocement dangereux» et «a l’habitude de raconter tout et son contraire.» Les Farc sont «des gens absolument abominables, nous sommes entre deux monstruosités.» Questionné sur un déplacement éventuel de son ex-femme en dehors de Colombie, il ne sait pas «où elle se trouve. Tout est possible». «Est-elle vivante? Nous ne savons pas.»

Qui se souvient aujourd’hui d’Ingrid Betancourt ?  Quel pays est prêt à s’investir véritablement dans une recherche de solution pour sa libération ?
Oui, ce soir j ‘avais envie de vous parler d’Ingrid !
 
 
 
 

Sophie Daout, le 2 mars 2007
 
HAUT DE LA PAGE






























Vol.1 No. 15

Grâce au forum

Dans mes actions de prévention, je suis aidée par notre site, « Jeunesse Sans Drogue » et en particulier par son forum. Il fonctionne comme un groupe de parole où sont dévoilées des souffrances avec souvent une demande de conseils. Il s’agit de parents dépassés par le problème de la drogue de leur enfant et qui ne savent plus que faire. Parfois encore des jeunes voudraient bien aider un camarade ou leur petit(e) ami(e). Enfin ce sont aussi des jeunes en difficulté qui cherchent une solution pour eux-mêmes. Les échanges qui se nouent sont  alors intenses et se transforment en dialogues riches d’enseignement.

C’est  ce qui se joue actuellement. Un jeune Jonathan, cherche de l’aide. Il n’a pas tout à fait 18 ans et est déjà un « vieux » drogué puisqu’il a commencé à 11 ans avec de la marijuana. Ensuite il a continué  avec des champignons hallucinogènes, du Hash, de l'huile de Hash, et  « il a respiré du gaz pour être gelé », puis « de l'alcool pour se saouler , à environ 12ans ». Puis, c’est l’escalade : à 14 ans, toujours consommateur de cannabis, il essaye les amphétamines et « je suis tombé super accro cet été la, jusqu'en novembre. J'ai commencé la cocaïne en septembre environ. Je suis rendu accro et vu que ça coûte cher, je compense avec des amphétamines, cristal, alcool et ecstasy »

Dans ce premier message, il confie sa dépendance,  « Je ne suis pas capable de rester à jeun une journée entière » et ses problèmes de santé: « J'ai aujourd'hui des hallucinations, j'ai des énorme pertes de mémoires, j'ai le cœur qui bat toujours vite, j'ai des points dans les poumons, j'ai des tics et je n'arrête pas de bouger ou de faire quelque chose. On m’a dit que je fais une psychose toxique. J'entends souvent des voix et bruits qui ne sont pas là, je sens des odeurs qui ne sont pas là. »

Il parle de ses pulsions suicidaires :
« J'ai le goût d'abandonner cette vie, de partir loin de cette terre. Je n'ai plus aucune joie. …Je ne sais pas comment expliquer, je suis rendu au point de penser comment me tuer. C'est un mode de vie qui va me tuer, ça prouve que je suis lâche, je ne suis pas capable de me tuer moi même j'attends la mort, j'attends que tout s'arrête. c'est insupportable dans ma tête si vous saviez ! »
Alors immédiatement, une chaîne s’est constituée pour venir en aide à Jonathan, et la conversation s’est généralisée. Des parents sont intervenus, et je compte dans le forum une quarantaine de messages,  mais finalement, on a surtout un échange entre deux jeunes, Jonathan bien sûr, et un jeune du même âge, Nicolas qui est sorti de la drogue depuis quelques mois.

Nicolas suit le parcours de Jonathan et l’encourage : « Bravo Jonathan. Maintenant essaye de ne pas tenter l'impossible en restant dans le milieu de tes potes toxicomanes, une soirée passée à côté d'eux, c'est une tentation supplémentaire de t'y remettre. Alors bonne chance pour la suite et soit fier de chaque victoire aussi petite soit elle, c'est naturel de vivre sans drogue, ça ne devrait même plus être un combat dans l'avenir, accroche-toi autant que tu peux ».

Un peu plus loin, tandis que je reproche à Jonathan de ne pas s’attaquer véritablement à ses problèmes, il me répond en banalisant : « Je ne connais personne qui fait la fête autrement qu'avec de la drogue ou de l'alcool. J'ai deux amies qui ne consomment rien mais c’est tout !, et même elles, elles consomment de temps à autre. Tous les jeunes de nos jours se droguent jusqu'au jour où ils deviennent matures ».
Alors, Nicolas le reprend vertement : « Tous les jeunes se droguent donc je me drogue et personne ne peut m'en vouloir car tout le monde le fait, puis même moi, je ne peux m'en vouloir! Ben la vie sans drogue c'est pas une vie, on s'amuse pas, et on a pas le kif comme quand je tire un rail et que je décolle, là je me sens bien et ça c'est quand je veux.

Le monde tourne autour de ça puis je me vois pas exister en dehors, c'est toute ma vie et je m'en contente très bien, puis déjà personne peut me comprendre, vous savez pas ce que c'est et vous savez pas comme j'en ai besoin de ces partys, j'ai envie de vivre, je suis pas un vieux et j'aime pas marcher dans les normes, là je suis chez moi et je me tripe.

Tu y vois quoi là Jonathan? moi j'y vois ta fuite, on a le choix de se battre ou pas mais dans ce combat c'est toi avec toi, aucun groupe, aucune autre personne n'est concernée, c'est toi Jonathan, c'est pour ton cerveau, c'est pour ton avenir c'est pour ce que tu peux accomplir, ce que tu peux réussir, c'est pour pouvoir encore être heureux d’être en vie, c’est d'être quelqu'un pour toi et rien que pour toi. Tu n'as rien à prouver qu'à toi-même alors fais-en un grand gâchis ou redonne-lui une forme. Courage encore et toujours car ça tu t'en as besoin j'en suis sûr ».
Nicolas dit la même chose que moi, mais avec les mots des jeunes de son âge. Il m’aide grandement et pourtant je ne l’ai jamais vu ! Je ne le remercierai jamais assez et je suis heureuse que le forum permette de tels échanges. Si Jonathan sort un jour de la drogue, ce sera en partie grâce à son ami lointain qu’il ne rencontrera sans doute jamais.

Le forum est dans notre site:
www.jeunessesansdrogue.com

Sophie Daout, le 9 mars 2007
 
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Vol.1 No. 16
cannabis et suicide

Au mois de septembre 2006, l’association Phare Enfants Parents, qui aide les familles en deuil d’un enfant, m’a demandé de participer à une conférence sur le thème « cannabis et suicide ».

La Présidente de l’association, Thérèse Hannier, se disait « convaincue, depuis plusieurs années, d’un lien entre la consommation de ce produit et le suicide ». Sa conviction, disait-elle en introduction, était fondée sur des éléments  recueillis auprès de trois sources: d’une part les groupes de parole et la ligne d’écoute de l’association, et d’autre part, les écoles où elle  rencontre les élèves et les enseignants. Elle ajoutait : « Nous retrouvons très souvent le cannabis au cœur des problèmes : dans le parcours de certains jeunes suicidés, plus spécialement ceux qui se sont défenestrés ou précipités d’un lieu élevé, ceux qui présentent des troubles de comportement : violence, insultes, délinquance, mensonges et vols dans le porte-monnaie des parents, fugues, absentéisme scolaire etc., ou des troubles mentaux : désordres psychiques, troubles de la personnalité,  symptômes de dépression nerveuse, schizophrénie. Dans ces deux derniers cas de figure, le jeune nie son mal-être, voire même sa consommation régulière de cannabis, et s’oppose à toute consultation qu’elle soit médicale ou psychologique ».

Le professeur  Costentin a parlé le premier. Sans le connaître physiquement, j’avais lu plusieurs de ses productions et en particulier un texte qui m’avait fort intéressée et qui s’intitulait « Nouveau regard sur le cannabis ». J’avais été frappée par son courage et je l’avais cité à deux reprises dans mon dernier livre « Jamais douces, les drogues ! » : un  passage dans lequel il disait qu’il ne s’agissait plus de savoir, pour les prochaines années, quelle planète nous allions laisser à nos enfants mais plutôt de nous interroger pour savoir quels enfants nous allions laisser sur notre planète. Et puis, un autre extrait dans lequel  il notait que la consommation de cannabis facilitait la rencontre avec l’héroïne, ce qu’il traduisait en affirmant que si un consommateur de cannabis ne passait pas à l’héroïne, c’est seulement parce qu’il avait eu la chance de ne pas la trouver sur son chemin.

Voilà pourquoi j’étais ravie de le rencontrer, mais aussi à la fois fière et effrayée d’avoir à intervenir après lui.
Son exposé, très documenté sur la toxicité et les dangers du cannabis, fut brillant. Après avoir rappelé que le produit se fixe durablement dans le cerveau, il signalait les incidences d’une consommation sur la cognition : le cannabis agit sur l’hippocampe donc sur la mémoire, il diminue la qualité de l’éveil, déprime l’activité mentale, donc il empêche d’apprendre et provoque une chute des résultats scolaires, et parfois un décrochage scolaire total. Par ailleurs, il établissait une relation directe entre cannabis et anxiété-dépression et cannabis et schizophrénie, avec en toile de fond les comportements à risques et les conduites suicidaires.
Il concluait par un slogan : « Le chichon, c’est pas bon » !
Quant à moi, j’ai choisi de me placer sur le terrain qui est le mien depuis quinze ans, c’est à dire le terrain de la prévention.

 J’ai commencé par quelques remarques préliminaires :

  1. Aucune drogue n’est douce ! Toute consommation présente un risque !
  2. Le cannabis est de plus en plus banalisé et les médias y contribuent largement.
  3. La « pandémie cannabique » s’étend de plus en plus et touche les plus jeunes qui en font l’expérimentation.
  4. L’âge de la première rencontre avec le produit ne cesse de s’abaisser. Il m’arrive de plus en plus souvent de rencontrer des élèves de sixième qui ont déjà « tiré une latte sur un bedo». 

  5. (Il faut traduire qui ont tiré une bouffée d’un joint).
Je ne vais pas ici imposer mon exposé, ce sera peut-être l’objet d’une autre chronique, mais j’insiste sur la nécessité d’une prévention chez des enfants jeunes. Il faut que les parents cessent d’avoir peur d’aborder ce sujet avec leurs enfants. D’après moi , la prévention doit tout d’abord passer par eux. Ils sont en première ligne pour ce qui est de l’éducation de leurs enfants. Il faut donc et qu’ils se sentent concernés et qu’ils soient très documentés. C’est d’ailleurs dans ce but que j’ai écrit le livre dont je parlais plus haut, « Jamais douces les drogues ! ». Il m’a demandé trois ans de travail. Je l’ai conçu à partir des questions et des témoignages d’adultes, parents ou professeurs, et de jeunes. Je me suis servie bien sûr de mon expérience d’agent de prévention, et de mes rencontres avec les adolescents. Et j’ai choisi, quand je le pouvais, de privilégier leurs propres réponses. J’ai voulu me démarquer du politiquement correct et j’ai abordé toutes les questions posées en refusant de pratiquer la langue de bois. J’ai voulu en faire un guide pratique pour les parents.

Si les adultes, parents et professeurs ne parlent pas de la drogue avec les ados, ils laissent le champ libre aux informateurs qui ne sont autres que les dealers. En bons marchands, il est évident que ceux-ci vont vanter leur marchandise et ne parler que des aspects positifs de leurs produits.  Quand je présente aux jeunes l’autre versant de la réalité, le mal-être, l’échec scolaire, la démotivation, etc., ils m’écoutent car ils savent bien que la drogue c’est aussi cela !

J’ai terminé par une remarque qui me tient à cœur, attention aux frères et sœurs, car dans les familles, certes les toxicomanes souffrent, mais aussi leurs parents et les autres enfants. C’est un aspect qui est rarement souligné, mais je prends toujours le temps de le signaler! Car cela, aussi, je l’ai appris, hélas, à mes dépens !

*   *   *
*
Jean Costentin, (Docteur ès Sciences, Professeur de pharmacologie, neurobiologiste, membre titulaire de l’Académie Nationale de Médecine, Directeur de l’Unité de neuro psychopharmacologie CNRS à la Faculté de Médecine et de Pharmacie à ROUEN, responsable de l’Unité de Neurobiologie Clinique Charles Nicolle à  ROUEN).

« Jamais douces, les drogues »
Sophie Daoût, Editions du Jubilé



 
 
 
 
 
 
 
 

Sophie Daout, le 16 mars 2007
 
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Vol.1 No. 17

Guérir de trop aimer

Je viens de lire un article intitulé « Guérir de trop aimer ».

Une consultation médicale, au centre Marmottan à Paris, est tenue par Marc Valleur,  psychiatre et psychothérapeute, spécialiste des toxicomanies. Ce médecin traite bien sûr des dépendances aux drogues « traditionnelles »,  mais aussi les addictions « nouvelles »,  et compulsions affectives, sexuelles et ludiques. A l'origine de son essai, "Sexe, passion et jeux vidéo", sous-titré « Les nouvelles formes d'addiction », une intuition : utiliser la notion d'addiction pour aborder l'éternel problème de la dépendance amoureuse. Autrement dit, il en va de l'amour comme du reste, l'usage modéré est bénéfique, l'abus, désastreux.

« Je ne pensais pas que l'on puisse trop aimer un homme. L'enfer de la passion que je vis aujourd'hui, je ne le souhaite à personne. Je suis en manque, comme une droguée. » déclare l’une de ses patientes, Cécile, 40 ans. Parce ils sont en manque de l'autre jusqu'à l'insupportable et replongent chaque fois, des hommes et des femmes se décident à consulter. Leur objectif : en finir avec ces relations, « toxiques comme une drogue dure ».

Quelque temps après la parution de son essai, la consultation, le docteur Valleur, voyait, à sa grande surprise, arriver de nouveaux patients, malades de l'attachement amoureux, en instance de séparation ou déjà séparés. Pas encore une tendance lourde, mais significative tout de même : « Comme l'a analysé le sociologue Alain Ehrenberg, notre société de l'individu sacré a créé deux types de pathologies : la dépression et l'addiction. Le dépressif "n'y arrive pas". Et l'addict "y arrive", mais se prend au piège de l'agir, à tel point que son identité s'y dissout. »

La pathologie la plus fréquente, est la codépendance, ce lien toxique qui unit à un conjoint maltraitant. Devant ce lien et contrairement aux idées reçues, nous sommes tous égaux, hommes, femmes, riches ou pauvres, même si, « les femmes en parlent plus aisément, encore que depuis peu... des hommes consultent ».

Dans l’accompagnement de ces patients, il n’y a pas de recette miracle, mais l'application de la classique thérapeutique d'inspiration psychanalytique, qui s'attache à interroger le lien de soi à l'autre et de soi à soi. « La solution à l'aliénation n'est pas dans la liberté absolue, mais dans le choix de ses dépendances, leur équilibre, affirme Marc Valleur, quand les passions ne meurent pas mais se transforment, on arrive à des relations passionnantes. »

Mais si ces addictions sapent nos fondements psychologiques aussi sûrement que les toxicomanies classiques, elles s’en différencient tout de même fondamentalement à mon sens. Car le produit n’existe pas, celui que nous appelons une drogue. Ce produit, qu’il soit l‘héroïne, la cocaïne, ou le cannabis, n’est pas présent dans cette addiction. Ce produit qui, à la dépendance psychologique dont on vient de parler, ajoute parfois une dépendance physique, est toxique aussi pour le corps et se fixe dans le cerveau, entraînant par sa présence même des modifications dans le comportement et dans la personnalité.

Il y a danger me semble-t-il à tout amalgamer, danger de banalisation. Il ne faut pas mélanger dépendance et toxicomanie. Il ne faut pas réduire la toxicomanie au seul problème de l’addiction. Certes, un toxicomane ne fera pas l’économie d’un travail sur lui-même, d’une mise à plat des mécanismes affectifs qui l’ont fait sombrer dans un usage immodéré de sa drogue. Mais le produit joue aussi un rôle. Ce n’est pas la même chose d’être accro au chocolat ou à l’héroïne. Or, on entend souvent dire : « Le chocolat, c'est ma drogue ! ». Et on parle aussi  d’accros d'Internet, de joueurs pathologiques (jeux de casino, jeux vidéo) et de dépendants affectifs.

Si la thérapie permet de mettre à plat les mécanismes de la dépendance chez un individu, celui-ci pourra plus facilement déjouer les pièges qui l’ont fait plonger. Mais le pas le plus difficile à franchir sera la séparation d’avec son produit. Le sevrage me paraît être la première étape, l’étape difficile du deuil d’un produit qui séduit et qui détruit, qui peut donner parfois à une vie ordinaire des allures de fête, même si les lendemains sont jours de défaite.

C’est au prix de ce renoncement et seulement à ce prix me semble-t-il,
qu’un toxicomane peut se choisir une nouvelle vie !
 
 

Sophie Daout, le 23 mars 2007
 
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Vol.1 No. 18

Pour parler de résilience

Cette semaine encore, ma chronique trouve sa source dans le forum de notre association « Pour une Jeunesse Sans Drogue ».
Jonathan, le jeune toxicomane québécois dont j’ai déjà parlé, continue à nous confier ses rechutes, après quelques velléités pour tenter de sortir de son problème.

Il raconte :
«  Ma semaine: amphétamines, cocaïne, livraison de cocaïne, ecstasy, trouver de la drogue pour des potes, marijuana.
Et j'en suis pas fier. La solution qui me vient le plus en tête c'est de me suicider, mais je ne le ferai pas. J'ai dormi à peine, je n'ai plus de concentration a l'école depuis quelque temps.. J'ai menti a mon amie pour quelle me prête 40$ pour m'acheter de la coke…..
….Je sens vraiment que je suis moins intelligent qu'avant. J'ai de la difficulté à me souvenir de ce qui s’est passé il y a deux jours. Est-ce que si j'arrête tout, ça va revenir normal ? »

Immédiatement après ce message, est arrivée une réponse :
« Ne crois tu pas qu'il est temps pour toi d'être fort?
Tu choisis la drogue parce que c'est tellement plus facile... Dès qu'il y a un problème, dès que tu souffres tu te réfugies là dedans, mais c'est pas ça la solution!

Affronte- la, cette vie que tu fuis, ose la regarder en face, laisse lui une chance de te séduire !
J'ai envie de te dire merde, et pardon si c'est vulgaire, mais merde parce que t'as pas le droit de faire ça !!!
Je comprends que toutes les disputes auxquelles tu as pu assister t'aient fait mal.
On voit ces choses là trop tôt alors qu'elles sont trop violentes, et qu'on est pas prêt, mais c'est ça qui te construit et qui fait ton caractère...
Moi aussi j'ai vu mes parents se détester, être violents entre eux, j'ai vu ma mère tomber dans la déprime doucement mais sûrement.
J'ai entendu ma mère me dire que le sommeil lui semblait bien léger... J'étais assez grande pour comprendre, mais pas assez pour le supporter.
J'ai pleuré, j'ai pleuré, j'ai pleuré et...... alors?

Aujourd'hui ma drogue à moi c'est rire, rire de tout, rire de rien, je n'ai pas craqué et j'en suis fière parce que j'aurais pu.
A toi de nous montrer ce que tu as dans les tripes!

Maintenant ton objectif c'est que tous les gens sur ce forum, ta mère, ta sœur, tous ceux qui veulent t'aider n'aient plus de la pitié mais de l'admiration!

Acceptes tu de le relever? »

Le plus remarquable dans ce message, c’est qu’il émane d’une toute jeune-fille de 15 ans! Elle m’a dit en privé qu’elle me connaissait bien pour m’avoir entendue dans son collège. Ses mots m’ont touchée et j’ai réagi en parlant de résilience en m’adressant à la jeune fille, dans mon intervention suivante.
« La résilience, c'est la faculté qui permet à quelqu'un de se reconstruire après un traumatisme, et de mener une vie satisfaisante pour lui dans le respect des autres et de lui-même. Ceux qui ont surmonté l'épreuve « éprouvent souvent une impression de sursis qui démultiplie le goût du bonheur et le plaisir de vivre qui reste encore possible". (quatrième de couverture du livre de Boris Cyrulnik, "Parler d'amour au bord du gouffre").
C'est ton cas, à toi qui as découvert le rire, les vertus du "gai rire" (guérir) ».

Voici en effet deux jeunes, Jonathan et Aurore, qui ont tous les deux subi des traumatismes dans l’enfance. Qu’en ont-ils fait ? Le premier les utilise pour expliquer et même excuser ses dérapages dans la drogue, la seconde leur donne un sens et en a fait une force. Mieux encore, Aurore, si jeune soit elle, est capable de donner des conseils à Jonathan et de l’aider si tant est qu’il soit capable de l’entendre, ou simplement qu’il en ait envie.
Face aux événements douloureux de la vie, la résilience nous permettra  de glisser du « Pourquoi ? » au « Pour quoi ? », c’est à dire qu’elle nous permettra non pas de donner du sens à une situation insensée, mais de créer du sens à partir d’une situation insensée. Quand le pire s’est produit,  la question se pose de savoir ce qu’on va en faire. Et les réponses peuvent être opposées, comme celles de nos deux jeunes, Jonathan se détruit tandis qu’Aurore grandit et tente d’aider les autres.

« Ce n’est pas la souffrance qui donne du sens à la vie, mais la vie qui donne du sens à la souffrance ».
 
 

Le forum est situé dans le site Internet de notre association:
www.jeunessesansdrogue.com
N’hésitez pas à le consulter et à vous y exprimer


Sophie Daout, le 30 mars 2007
 
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Vol.1 No. 19

Peut-on faire la fête sans se droguer

Il n’est pas facile d’être jeune aujourd’hui. C’est l’avis d’Aurore qui nous interpelle, nous les adultes, dans le forum. Elle me semble curieuse, mais surtout un peu perdue. Je vois dans son message un appel au secours.

« Parfois j'ai envie de vous demander, à vous qui êtes nos parents, dîtes, comment faisiez-vous pour vous amuser?
Dites-le, racontez-le pour nous les jeunes, qui ne savons nous amuser qu'en buvant, qu'en fumant, ou en nous droguant... bref en nous échappant.
Comment avez-vous fêté vos anniversaires? Comment vous êtes-vous amusés? Alliez-vous vous aussi vous saouler en boîte de nuit? Vous aussi, vous vous êtes noyés dans la vodka, le whisky, le pastis et autre?

Dites! Parce que moi, quand je regarde autour de moi, j'aimerais dire à mes copains que l'on peut s'amuser autrement, et alors ils me répondraient: « Mais comment ? »

Et je leur dirais que l'on peut s'amuser à rire... mais pour rire il faudrait qu'ils soient saouls.
Alors quoi ? Nous, on ne sait pas, ou on ne sait plus... pourquoi? Ne me le demandez pas, parce que ça non plus, on ne le sait pas.
J'ai voulu écrire un message à Jonathan pour lui dire qu'il n'aurait pas dû fêter ses 18 ans comme ça, que c'est mal! Qu'à la place il aurait dû ..... et là les mots m'ont manqué. J'ai cherché dans mes souvenirs mais ils m'ont manqué aussi... Aujourd'hui ce sont des vôtres dont nous avons besoin. »
Effectivement, Jonathan, le jeune toxicomane  avait dégusté, pour fêter ses 18 ans, un cocktail de toutes les drogues existantes. C’est bien sûr un comportement extrême, mais il est vrai que pour la plupart des jeunes « faire la fête » ne se conçoit pas sans alcool et sans drogue. Et Aurore s’en émeut !

Plusieurs personnes ont répondu à ce message, quelques adultes qui parlent de bonheurs simples et aussi celui de Tifenn qui m’intéresse et m’émeut plus particulièrement. J’ai connu cette jeune fille quand elle se droguait. Elle était alors agressive et très triste. Aujourd’hui, je vois une jeune fille adorable, très jolie et joyeuse. Elle a 17 ans et elle confirme les affirmations et les craintes d’Aurore: « Je ne suis pas une adulte mais j'ai quand-même appris à m'amuser sans drogue. Pour ma part je pense qu'il faut de bons amis , des amis ayant les mêmes valeurs que vous, des amis qui n'ont pas besoin de drogue pour vivre et pour rire. Rester simplement au bord de la mer, jouer à celui qui jettera une pierre le plus loin, se louer un bon film, arriver chez un ami sans prévenir avec des pizzas dans les bras, se retrouver tremper parce qu'on est allé courir sous la pluie, regarder les gens passer et imaginer leur passé ou leur futur, rester toute une heure autour d'un café en se racontant des blagues, partir en camping, aller matcher dans la montagne, se baigner dans de l'eau glaciale, rire de tout et de rien. Mais des choses aussi simples, un drogué ne peut vivre. Il sera capable de rire de tout et de rien mais seulement s'il est drogué au maximum. C'est pour ça que je rencontre le même problème que toi quand j'essaie de dire aux gens que la vie et belle sans drogue, et qu'elle est marrante aussi, tellement plus marrante. Et c'est pour ça aussi qu'encore aujourd'hui, alors que ça fait bientôt 2ans que je ne me suis pas droguée, beaucoup de gens croient que je me défonce et me font tourner leur pétard. Et tout ça pourquoi? Parce que je suis tout le temps en train de rire. Rien que le fait de me faire une belle grimace me fait rire, rien que de voir le visage des gens que j'aime me fait sourire et me donne envie de rire.

Je crois que ceux qui sont dans la drogue ont besoin de voir ce bonheur que l'on peut avoir SANS la drogue. Une fois je suis tombée sur une nana qui m'a demandé à quoi je me défonçait et quand je lui ai expliqué ce que je viens d'expliquer elle m'a répondu "De toute façon pour moi c'est trop tard, je ne suis plus capable de faire ça"...
Quelle tristesse mais quels mensonges! J'ai réussi à m'en sortir, j'ai été droguée avant de rire, de vivre et d'être heureuse comme je le suis aujourd'hui. J'ai souffert mille et mille tortures avant de renaître. Quand je le lui ai expliqué elle a souri, un sourire où je suis sure d'avoir vu de l'espoir.

Alors pour finir de répondre à ta question, je te dirai de raconter l'histoire des gens qui s'en sont sortis et le bonheur qu'ils vivent aujourd'hui. Mais le plus dur reste de faire comprendre que, de même que la drogue "ça n'arrive pas qu'aux autres", le bonheur non plus "ça n'arrive pas qu'aux autres"...

Effectivement, dans mon combat, j’ai toujours constaté que le témoignage, le mien ou celui de Tifenn, valent mieux que tous les discours théoriques. Alors quand j’ai la chance d’avoir un ancien toxicomane avec moi, c’est encore mieux ! Les jeunes comprennent qu’il n’y a JAMAIS de drogué HEUREUX.
Et que pour peut très bien faire la fête, sans se saouler et sans se shooter !

Venez lire les témoignages de notre forum et pourquoi pas y participer :
www.jeunessesansdrogue.com



 
 
 
 
 
 
 

Sophie Daout, le 6 avril 2007
 
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Vol.1 No. 20

Cannabis et billes de verre!

Parfois des informations incroyables sont diffusées par Internet. Celle-ci par exemple, dont nous informe Tobal, un infirmier qui travaille dans un Lycée. « Les autorités sanitaires ont été informées de deux cas de pathologies respiratoires sérieuses liées à la consommation d'herbe de cannabis coupée avec des microbilles de verre ».
 Encore une fois, l'imagination destructrice des vendeurs de drogues est immense !

Je suis allée sur le site dont nous parle Tobal. Effectivement on nous signale deux cas au 9 mars 2007, mais la présence de ces micro billes est observée en France depuis l’été 2006.

Pour quelles raisons peut-on avoir intérêt à mélanger du hasch à du verre ?

En fait, c’est dans le but d’ « augmenter le poids et l’attractivité du produit par un aspect brillant ».
Les dealers, en bons marchands, cherchent à faire du chiffre d’affaire. Ils « boostent » leurs ventes en rendant le produit plus attractif. Peu leur importent les dégâts causés, ce n’est pas leur problème ! Ils ne sont pour rien dans le fait que « la présence de ces microbilles augmente la dangerosité de l’herbe de cannabis ». Les responsables sont ceux qui achètent ! Dans la drogue, c’est toujours chacun pour soi, et personne n’assume la responsabilité de ses actes !

La santé de nos enfants ne les concerne pas, pour eux, seul compte l’argent !
Peu leur importe que, interrogée par la Direction générale de la santé, « la Société de pneumologie indique qu’une consommation du produit pourrait provoquer des complications respiratoires sévères à court et probablement à long terme ».

La mise en garde se termine par deux recommandations :

1) Seul un arrêt de toute forme de consommation élimine ce risque.
2) Il est recommandé aux personnes ayant consommé de l’herbe de cannabis et ressentant des symptômes inhabituels (sensation de brûlure de la bouche ou de la gorge, gêne respiratoire, voire crachats de sang) de consulter rapidement leur médecin traitant ».
Certains ont fait de la drogue un commerce, ils en vivent bien plus largement et de façon beaucoup moins pénible que s’ils travaillaient. Ils appellent cela « le business ». Et dans ce busisness, on n’a pas d’état d’âme, l’essentiel étant de gagner beaucoup d’argent. Alors, on fait des études de marketting et on met en place des techniques de vente qui évoluent. C’est un marché en plein essor. Tout est fait pour racoler et « fidéliser » le client. Il ne peut donc y avoir qu’une escalade dans la drogue, un raffinement dans la présentation des produits et leur distribution.
Quelquefois je regrette que nous ne sachions pas être aussi créatifs qu’eux, quand nous faisons de la prévention!
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Sophie Daout, le 13 avril 2007
 
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