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Les archives de Sophie Daout

Vol.8 - No. 141
Une campagne anti-drogue à l’espagnole

L’Espagne est l’un des pays d’Europe qui a adopté une politique assez tolérante par rapport aux drogues. Elle reste pourtant en tête des pays européens pour la consommation de cocaïne et de cannabis. C’est pourquoi ce pays, comme la France d’ailleurs, multiplie les campagnes anti-drogue, notamment à l’adresse des jeunes particulièrement touchés par ce problème.

Sont-elles efficaces, crédibles, quelles ont été les plus marquantes? Et comment pourrait-on les améliorer ?
Ont-elles un impact réel auprès du public visé ?
Et comment les jeunes les ressentent-ils ?
Quelles propositions peuvent-ils nous faire ?

Un journaliste leur a donné la parole :

Pedro, 18 ans, études d’histoire

Elles sont très dures, je trouve, et exagèrent les choses. En fait, c’est surtout lorsqu’elles abordent le cannabis qu’elles ne sont pas très réalistes. Pour ce qui est de la cocaïne, en revanche, je les trouve crédibles et justes.
Celle qui m’a le plus marqué est “ Il y a des trains qu’il vaut mieux ne pas prendre” [en allusion aux "rails de coke",]. C’est possible, oui, qu’elles aient un impact sur les plus jeunes, disons jusqu’à 16 ans, mais après pour les plus grands je ne pense pas, car ils sont déjà bien informés à cet âge là.
A mon sens, il faudrait davantage de discussions avec les professeurs au collège et au lycée.”

Juan, 23 ans, études de médecine

Elles sont plutôt éloignées de la réalité. Certes, elles montrent des cas tragiques, qui existent, mais au final l’information dans ces campagnes n’est pas parfaite.
La campagne où l’on voit une jeune fille présenter son petit copain à ses parents ; le petit copain est complètement sous l’effet de la drogue mais personne ne le remarque . Celle-ci m’a touché.
Je crois que les campagnes peuvent avoir un impact sur ceux qui ne consomment pas, et les inciter à ne pas le faire, mais pour ceux qui consomment, je pense qu’elles sont stériles. Si je pouvais faire ma propre campagne, j’apporterais plus d’informations concrètes. Par exemple, certaines personnes souffrent de maladies qui, conjuguées à une consommation de drogue, s’avèrent très dangereuses. Par contre, je ne dirais pas “Ne consommez pas”, parce qu’il y a beaucoup de personnes qui consomment de la drogue et qui se sentent très bien.

Macarena, 24 ans, études de psychologie

Je trouve que les campagnes sont dures, violentes, mais c’est la seule façon d’agir. Plus les campagnes seront dures et plus elles pourront atteindre le public. Personnellement j’ai été marquée par la campagne où l’on voit un ver s’enfoncer dans les narines d’un jeune qui vient de se droguer. C’est dégoûtant et ça montre bien ce que tu mets dans ton corps. Je pense que les campagnes anti-drogue peuvent avoir un impact sur une partie de la population mais pas la majorité. Les jeunes sont désespérés  ils veulent profiter, vivre le moment présent et ne pensent pas au futur.
Si je pouvais, je ferais le même type de campagnes mais au lieu de les diffuser uniquement à a télé ou dans la rue, je les mettrais dans les collèges, lycées où les jeunes sont obligés d’y porter attention. Il faudrait créer une matière spéciale au collège et lycée pour la prévention contre la drogue, mais aussi contre l’alcool, pour la prévention routière…

Pablo, 23 ans, études de médecine

Elles sont originales mais tout de même beaucoup trop extrêmes. Je pense qu’il doit y avoir 90% des consommateurs qui ne se sentent pas aussi mal qu’on nous le montre à la télé. Il faudrait être moins caricatural.
Je n’ai été marqué par aucune en réalité. Je ne peux pas me refléter dans ces campagnes, et je n’y prête plus trop attention.
A mon avis elles peuvent avoir une influence sur le jeune qui n’a encore jamais essayé.
Si je devais créer une campagne ? Je montrerais des témoignages de personnes qui sont réellement passées par la drogue ou qui y sont encore. Je raconterais leur histoire, leur évolution. Mais il faut arrêter de présenter à chaque fois l’image du drogué asocial.
Pour moi il faut légaliser la drogue. Cela briserait le marché noir et il y aurait une baisse de la consommation. Bien sûr, il faudrait qu’il y ait un contrôle pour les vendeurs, avec des protocoles, etc.

Propos recueillis par Tony MOTA (www.lepetitjournal.com Madrid) lundi 3 décembre 2007

Il semble donc, d’après ces jeunes que ces campagnes sont surtout utiles pour ceux qui n’ont encore pas commencé à consommer de la drogue. C’est d’ailleurs la définition même du verbe « prévenir », c’est à dire « venir avant ».

Mais à ceux qui sont dans la drogue, la campagne paraît dure, parfois trop mais cela semble inévitable. Parfois encore elle paraît « caricaturale » à des personnes qui ne se reconnaissent pas dans les images du drogué.

Pour la jeune fille, il faudrait créer au collège une matière spécifique pour aborder tous ces problèmes en classe.

En lisant ces témoignages on se rend bien compte que ces campagnes ont un impact.
Certes elles sont imparfaites, certes il faut les améliorer, alors pourquoi ne pas demander des idées aux jeunes ?
 

Sophie Daout, le 26 février 2010
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Vol.8 - No. 142
Un petit trésor

Dans notre forum, nous trouvons parfois un petit trésor, comme celui-ci qui nous a été écrit par Romain. Romain s’est choisi le pseudo de « Je vais vivre ». Pourquoi ? Simplement parce qu’il a décidé de se séparer de la drogue, cette drogue qui justement l’empêche d’être et d’exister.

En lui, il y deux personnes, lui, Romain, tel qu’il est, et puis l’autre qui squatte en lui mais qui n’est pas lui, un étranger qui l’habite parfois..
Il a écrit ces phrases, explique-t-il, « afin d'essayer de faire comprendre que le toxicomane peut difficilement se passer d'aide ».

Voici ce texte en forme de poème :

Par moment quelqu'un d'autre habite ma tête,
et je sais qu'il se drogue.  

Cet intrus me ressemble à s'y méprendre.
J'apprends chaque jour à me méfier de lui.

Moi,  
Je suis toujours en forme, plutôt heureux, même souriant,
alors que cet abruti succombe cycliquement dans un même piège.

Moi, je vis le présent et j'envisage des jours meilleurs.
Lui? c'est un squatter de cerveau et il ne vit que dans l'immédiateté,
un putain de drogué.

Il ne respecte rien !?
A son départ, il ne me laisse qu'un squat minable,

un corps que systématiquement je m'applique à reconstruire.

Le temps passe et je vais de mieux en mieux,
Je me prends à croire que l'intrus ne reviendra plus.

Je ferme,
j'utilise toutes les clefs,
j'interdis tous les accès;
bref, je m'arrange pour me barricader !

Et je me sens bien, et je me sens fort.
L'intrus ne me squatte plus.

J'ai appris à me méfier de lui.
j'ai arrêté d'imaginer que je l'avais chassé à tout jamais.

Parce qu'aujourd'hui je sais,
Oui je sais, il est juste là, derrière la porte, toujours prêt à me sauter dessus.

Aujourd’hui Romain semble bien avoir gagné son combat contre ses démons. Voici son bilan actuel :
«Toxicomane je le serai toute ma vie, je l'ai compris.
Alors j'ai claqué la porte et si cet intrus s'amuse à essayer de forcer l'entrée, Bah, il est très mal tombé, parce que non seulement je suis plus fort qu'avant, mais en plus, je ne suis plus seul, ma famille mes chiens et moi nous y mettons tout notre poids.

En effet les cravings me font cet effet là, comme si ce n'était plus moi, comme si mon conscient laissait sa place à un autre, et sur le moment, bien sûr, je n'en ai pas conscience puisque je ne suis plus là !
D'ailleurs parfois" mon moi " revient, c'est un peu comme si j'avais été somnambule, je me réveille et je me demande ce que je fais là
Je fais demi-tour aussi sec en remerciant le ciel d'avoir repris conscience avant la rechute.

Alors quand ce n'est pas moi qui habite ma tête, on peut toujours essayer de me raisonner, mais je n'entends rien puisque je ne suis plus là !»

Qu’est-ce qu’un craving ?
C’est «une impulsion irrésistible envahissant le sujet lui donnant le sentiment que seule une reprise de son addiction lui apportera le soulagement ».
Autrement dit, c’est la dépendance psychologique que l’on oppose parfois à la dépendance physique des héroïnomanes, celle qui cause des crises de manque terrible lors des sevrages, par exemple.

La dépendance psychique est  un besoin irrésistible de consommer une ou plusieurs substances. La personne sent alors qu'elle ne peut plus s'en passer ; elle consomme donc non pas par plaisir, mais parce qu'elle en éprouve le besoin ( dans des situations de stress, peur, peine, angoisse etc. ). Une personne en état de dépendance psychique a du mal a maîtriser sa consommation.
Quant à la dépendance physique, elle apparaît lorsque la personne développe  une tolérance, c'est-à-dire que son corps s'habitue à la substance et qu'il lui faut de plus en plus pour atteindre les effets souhaités, De plus, l'arrêt de la consommation de la substance provoque des  réactions de sevrage  (état de manque) telles que des tremblements, des sueurs, des nausées et des vomissements, douleurs, angoisse, insomnie.

Mais, et quoi qu’on en dise, c’est bien la dépendance psychologique qui est la plus terrible. Elle « est juste là, derrière la porte, toujours prête à sauter dessus. », comme l’explique Romain. Elle est la cause des rechutes car elle s’impose en dépit de la volonté et du désir de s’en sortir du sujet.

Il est stupide de distinguer la dépendance physique de la dépendance psychique et d’établir une hiérarchie, la première étant censée être plus grave que la seconde. Nous ne sommes pas faits d’un corps et d’un esprit séparés. Nous sommes un, corps et âme, inséparables..  

Sophie Daout, le 5 mars 2010
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Vol.8 - No. 143

Me voilà revenue de mon voyage en Egypte, des images plein les yeux mais aussi très fatiguée. Dès mon retour, un emploi du temps bien rempli m’attend. Je dois rencontrer des classes de Lycée, des élèves de seconde.
Donc, en rentrant, j’ai vu six classes de seconde, soit des jeunes de 15 à 16 ans. C’est toujours formidable, et le lendemain de ces réunions, les jeunes viennent s’exprimer dans notre forum.

Un message original a attiré mon attention. Le voici :

Bonsoir,
J'ai ce matin assisté à votre conférence sur la drogue.
Je venais vous féliciter, et vous demander de ne jamais arrêter le combat que vous menez, les jeunes ont besoins de vous.
Je n'en ai jamais parlé avant aujourd'hui, j'ai pris ma première dose d'ecstasy à 11 ans, pour pouvoir faire face à la fatigue, au stress, et à un rythme de vie effréné. Je me suis reconnue dans ce que vous avez dit ce matin, même si je n'ai jamais touché au cannabis ou même à une cigarette, on se sent tous concernés.
Je ne touche plus à l'escta depuis bientôt 3 ans, et j'ai pris conscience du danger auquel je me suis exposée.
Je ne pense pas être la seule à vous admirer pour votre courage et votre détermination.
Merci, vous avez su comprendre.

Girlwithkaleidoscopeeyesé

En lisant ces mots, j’ai été bouleversée ! Comment ? De l’ecstasy à 11 ans ? Mais à 11 ans, on est si petit, presque un bébé encore !.
Cette jeune-fille n’est-elle pas mythomane ? Ne s’invente-t-elle pas une vie pour faire l’intéressante ?

Voici ce que je lui ai répondu :

Merci à toi!

Même s'il me paraît incroyable d'avoir touché à la drogue à 11 ans...
Oui à 11 ans, il est inadmissible d'avoir à " faire face à la fatigue, au stress, et à un rythme de vie effréné".
Peux-tu nous en dire davantage s'il te plaît, sur les raisons qui t'ont poussée à prendre de l'ecsta?
Merci.
Je t'embrasse
Sophie

Elle a lu mon message, et elle a posté la réponse suivante :

Oui a 11 ans, et ne plus y toucher à bientôt 16 ans ! Je suis rentré en CM2 dans un cursus spécial, danse le matin avec l'opéra et le conservatoire, cours normaux l'après midi ( donc un rythme scolaire assez élevé ) et a 17 heures une fois les cours finis répétition des ballet, orchestre, piano et solfège jusqu'a 20 et parfois jusqu'a 23h lors des grandes représentation, en période de spectacle ou d'examen. Je rentrais chez moi très tard, et avant de faire mes devoirs, il fallait que j'aide ma maman à préparer à manger, a faire le ménage, à m'occuper du mon frère et de ma sœur car mon père travaille à l'étranger. Je rentré épuise et ma journée n'étais pas terminée. J'ai toujours été très bonne élève, 17 de moyenne au collège car je me couchais très tard ou je travaillais toute la nuit car je ne pouvais pas le faire dans la journée. Et le matin, à 7 heures, le bus direction les salles de danses. ( Entre 10 et 15 heures par semaines de danse, 2h de piano, 1h d'orchestre, 2h de solfège, sans parler des répétitions ... ).
A 11 ans, c'est très dur à gérer, alors lors d'un examen et juste avant les période de gala, je vois les grandes du lycée prendre des pastilles. Mes amies et moi leur demandons ce que c'est, elles nous disent que c'est ce qui permet à casse noisette de danser sans jamais être fatiguer.

Elles nous en proposent, puis nous acceptons ... Et puis j'en achetais, je tenais bon, j'allais mieux, plus de fatigue, plus rien, j'assurais à la danse au collège et mon rôle de grande sœur, nickel. J'ai oublié de mentionnée que j'étais très maigre et boulimique, enfin tout ça faisait que cette petite pastille magique était la seule solution. En arrêtant le conservatoire, l'opéra, et toutes mes activités, j'ai naturellement stoppé net ma conso.
Je ne pensais pas du tout que cela pouvais mener à des arrêts cardiaques ...

Si je peux aider d'autres gens surmenés comme je l'étais, je suis certaine qu'il y a d'autres solutions.

Girl with kaleidoscope eyes.

Je ne me pose plus de questions, cette jeune-fille ne me raconte pas d’histoires. Plus je connais la drogue, plus je sais qu’elle est capable de tout.

Voici ce que j’ai répondu :

Merci ma petite danseuse.

Je connais en effet des enfants qui ont un emploi du temps monstrueux comme le tien. Il n'y a pas de place pour eux pour le jeu, on ne les traite pas comme des enfants mais comme des adultes surbookés. On les fait vieillir avant l'âge!

Et on s'étonne que certains craquent! C'est ce qui se passe parfois pour les élèves des classes préparatoires.

Je te trouve très courageuse et j'aimerais beaucoup pouvoir continuer ce dialogue avec toi. As-tu retenu mon adresse e/mail?

Je t'embrasse, petite fille avec des yeux de kaléidoscope...Au fait, pourquoi avoir choisi ce pseudo?

Merci, merci, ton témoignage m'aide beaucoup!
Je t'embrasse
Sophie

Voilà comment le forum prolonge mon action sur le terrain.

Et si vous y veniez discuter avec nous ?
Sophie Daout, le 26 mars 2010
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Vol.8 - No. 144

Le cannabis thérapeutique

Je l’ai déjà dit ici, souvent, dans les classes que je visite, la question du « cannabis thérapeutique » m’est posée. J’accueille cette interrogation avec sérénité. C’est un débat qui peut être ouvert et qui ne me gêne en rien. En effet, si le cannabis s’avérait capable de soigner, pourquoi se priver de sa richesse ?
Un article paru dans le journal « Le Point » du 19 mars et signé par Anne Jeanblanc , explique pourquoi le cannabis n’est actuellement pas exploité par les laboratoires pharmaceutiques.

« Le cannabis : faux médicament et vraie drogue »

L'Académie nationale de médecine vient de publier un communiqué sur l'usage thérapeutique du cannabis, dans lequel elle réitère ses réserves déjà émises à deux reprises, en 1998 et en 2006.
Selon elle, "pour chacune des activités thérapeutiques alléguées, parfois démontrées, la pharmacopée n'est pas dépourvue de médicaments ayant satisfait aux nombreux et rigoureux critères qui permettent d'accéder à ce statut, développant des propriétés pharmacologiques supérieures à celles du tétrahydrocannabinol" (THC, le principe actif du cannabis). De plus, précise-t-elle, la dose thérapeutique utile de tout médicament doit être connue avec précision. Or, la marijuana et le haschich sont des mélanges de nombreuses substances, dont les proportions peuvent considérablement changer selon la variété, le lieu de culture, le climat, le moment de la récolte. Dans le cas de cannabis fumé, les concentrations en THC sont très variables.
Si l'Académie a décidé de réagir à nouveau, c'est à la suite de la publication dans le Courrier international , en octobre dernier, d'un article écrit pour le journal Fortune , qui révèle "l'effondrement des digues édifiées contre la diffusion du cannabis par le pouvoir fédéral américain", sous la pression de lois élaborées par certains États en faveur de l'utilisation thérapeutique de cette drogue. "L'application de ces lois, qui présentent le cannabis comme un médicament, risque d'en accentuer la pénétration dans la société américaine avec tous les effets délétères qu'on lui connaît", précisé le communiqué.
Mais surtout, ajoutent les "sages" français, ce qui qualifie un médicament est son rapport bénéfice/risque établi par l'analyse des bienfaits que pourra en retirer le patient, comparés aux risques d'effets secondaires et de toxicité. S'agissant du cannabis, les effets pharmacologiques sont d'une intensité modeste alors que les effets secondaires sont nombreux et très souvent adverses. Et l'Académie de citer une perturbation de la mémoire, de l'éveil, de l'attention, le développement au long cours de troubles anxieux, de dépression ou encore une aggravation de la schizophrénie. Par ailleurs, le cannabis accroît les risques d'accidents. Enfin, il induit une dépression de l'immunité, la survenue de cancers broncho-pulmonaires et de la sphère ORL, d'infarctus du myocarde, d'artérites et de pancréatites »

On comprend bien à la lecture de ce document que le rapport bénéfice / risque est jugé défavorable.
Il n’empêche que, régulièrement, la question est reprise et reposée par les adeptes de la fumette. Mais une poupée russe en contient une autre, et derrière ce débat qui devrait rester strictement médical, s’en cache un autre.

Lequel, d’après vous ?

Sophie Daout, le 2 avril 2010
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Vol.8 - No. 145

Assises de la Parentalité

J’ai reçu une invitation pour assister à Paris, les 6 et 7 mai 2010, aux «  Assises de la Parentalité ».
Le lundi matin, une table ronde débattra sur le thème suivant :
« Qui consomme quoi et comment ?
Qui est vulnérable ?
Quand faut-il agir ? »

C’est vrai que je me pose constamment ces questions et que j’aurais aimé avoir des réponses quand j’étais personnellement confrontée au problème avec mon fils.

Trop tard pour moi, donc, mais j’irai à ce congrès.

Ce n’est pas le cas pour Catherine, médecin, qui ne pourra pas se libérer « en raison d’un emploi du temps chargé » et qui le regrette. Elle écrit à l’un de ses amis pour lui faire part de « ses réflexions sur le sujet » dont elle le laisse libre « de les utiliser selon son souhait ».
Je reprends sa lettre que j’approuve en tous points

« Depuis 1985, j’ai à ma consultation des jeunes. J’ai donc vu défiler et grandir plusieurs générations. Nous sommes à l’heure actuelle, nous médecins, face à un problème de santé publique doublé d’un bon nombre de naufrages sociaux liés aux addictions.
Celles-ci, en particulier l’alcool et l’utilisation du cannabis, sont inscrites désormais dans les habitudes. On ne peut faire la fête sans boire de façon déraisonnable, au risque d’y perdre la vie comme cela fut le cas il y a très peu de temps pour un étudiant en pharmacie.
Le cannabis rejoint dans l’esprit des jeunes le MP3, une façon de se couper agréablement d’un monde un peu ennuyeux, de s’exclure de contraintes imposées par les adultes, une habitude très « tendance » chez des adolescents qui ignorent totalement la composition de ce qu’ils fument.
Cette banalisation ne projette heureusement pas tous les jeunes dans la déchéance, bien loin de moi l’idée de donner une vision apocalyptique du problème qui serait aussi grotesque que l’approche « angélique » des partisans des «  drogues douces ».

Il faut néanmoins reconnaître que j’ai personnellement vérifié les assertions de mes confrères pédiatres et psychiatres qui affirment que le THC notamment favorise l’entrée dans des pathologies psychotiques de personnalités border line.

J’ai aussi parmi mes patientes une femme dont le fils est en prison à cause d’une fête qui s’est tragiquement terminée à cause du cannabis.

Pourquoi les professionnels de santé, les policiers, les juges, enfin tous les acteurs de la prise en charge ou des conséquences néfastes des addictions ne sont-ils pas entendus ?

Pourquoi la drogue circule-t-elle si facilement à la sortie des établissements scolaires ?

Il existe un paradoxe. La société occidentale se veut ultra sécuritaire, impose dans tous les domaines d’innombrables contraintes afin que l’on se rapproche du risque 0 dans l’entreprise, la santé, et bien d’autres domaines.
Pourtant, elle laisse mourir tous les jours (physiquement ou socialement) quantité de jeunes, proies faciles d’organisations douteuses.

On accuse les parents de ne pas être vigilants, mais à moins de mettre une puce électronique dans l’oreille de leurs chérubins directement reliée à une caméra de surveillance, comment feraient-ils pour éloigner un fléau qui court impunément les rues ?

On accuse l’école. A tort : bon nombre d’établissements travaillent avec la Police.

Ne devrait-on pas simplement établir un constat ET EN TENIR COMPTE afin de vérifier que la Loi est adaptée et que ses décrets sont faciles à mettre en application ?

Et que l’on ne me parle pas de discours coercitif là où il ne faut entendre que mon désarroi à voir trop souvent de jeunes destins injustement sacrifiés sur l’autel de l’incompétence collective. Les addictions sont un fléau de société qui concerne tous les acteurs et nécessite un travail en interdisciplinarité.

Si chacun reste dans son bocal, rien ne changera.

Si les professionnels apprennent à travailler ensemble, la prise en charge s’améliorera rapidement. »

Tout le monde accuse tout le monde, et l’action se dilue dans les discours.
Je ressens comme Catherine ce besoin de cohésion, ce désir de travailler ensemble dans l’intérêt des enfants et des jeunes.

« I have a dream » ! »

Pas vous?

Sophie Daout, le 9 avril 2010
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Vol.8 - No. 146

Test de dépistage du cannabis pour les parents

Mercredi dernier, on m’a demandé de participer à une émission de radio. Il s’agissait de répondre à la question : «Que pensez-vous de l’utilisation par les parents d’un nouveau test de dépistage de la drogue chez leurs enfants ?»
En effet, face à l’usage de joints qui grimpe en France, la mise en vente du premier test capable de jauger le dosage de cannabis dans les urines est déjà un succès, comme aux Etats-Unis ou les pays anglo-saxons et nordiques.
Déjà en vente sur Internet et très bientôt en pharmacie, Narcocheck semble séduire les parents curieux de savoir si leur ado fume du cannabis.
«On en a déjà écoulé plusieurs milliers, c’est normal il répond à un besoin criant », assure Frédéric Rodzynek, gérant de l’entreprise qui commercialise le produit.

"Narcocheck", d'ores et déjà en vente sur Internet pour le prix, attractif, de 8,90 euros, ne se contente pas de révéler la présence de THC, la substance active de cannabis, dans les urines, mais précise également la concentration de THC. Un indicateur fiable pour connaître le profil du consommateur. Avec trois paliers, aucune erreur n'est possible : le premier est atteint par les usagers occasionnels, le deuxième concerne ceux qui fument une ou deux fois par semaine et le dernier palier traque les consommateurs réguliers (plusieurs joints par jour). De quoi orienter la teneur de la punition... "On en a déjà écoulé plusieurs milliers, c'est normal, il répond à un besoin criant", a confié au Parisien , Frédéric Rodzynek, le gérant de l'entreprise qui commercialise "Narcocheck". Selon l'Observatoire français des drogues, un quart des adolescents de 17 ans déclarent avoir consommé du cannabis au cours du dernier mois, et 71 % d'entre eux reconnaissent être des usagers quotidiens.
La polémique s’est rapidement développée à ce sujet dans les médias.

La plupart des psys et des toxicologues sont hostiles à cette mesure. Voici le point de vue d’un médecin du centre Marmottan : «Près de la moitié des jeunes en Ile-de-France a fumé au moins une fois, heureusement ils ne sont pas tous malades! Un jeune qui se met à fumer trop, c'est parce qu'il a des problèmes. Il faut privilégier la capacité d'écoute des parents, la confiance et qu'ils consultent quand leur enfant ne va pas bien", souligne-t-il. Il ajoute : "Je ne leur vois qu'une utilité : pour des gens qui vont avoir un examen médical d'embauche et qui sont désireux de savoir s'ils n'ont plus aucune trace dans leurs urines".

Dans le débat à la radio, il y avait un médecin psychiatre qui pensait que le test peut être un outil, et qu’il ne faut l’utiliser qu’exceptionnellement. Intervenait aussi le Président d’une association qui vise la légalisation du cannabis et à plus long terme de toutes les drogues. Nous nous sommes parfois rencontrés lui et moi dans des studios ou sur des plateaux de télé, et nous sommes rarement tombés d’accord, bien sûr !. Pour lui, le test est à prohiber, absolument.

Quant à moi, j’ai un point de vue nuancé.

En effet, je privilégie moi aussi l’écoute et le dialogue, la confiance dans les relations parents enfants. Je n’aime pas «fliquer» un ado.

Cependant il est des situations où la confiance est mise à mal, et en particulier quand la drogue entre dans la vie d’un jeune. Le plus souvent, il est dans le déni. Il peut jurer que ses parents se trompent, l’accusent à tort, se mettre en colère,… alors qu’il est consommateur ! La famille est, dans ce cas de figure, le plus souvent démunie.

Plusieurs signes laissent à penser que l’enfant ne va pas bien, mais ses parents n’arrivent plus à discuter avec lui. La fumette peut être l’une des causes de ce mal-être. Et je comprends que les parents s’alarment.

Dans ces périodes de crise, je pense que ce test peut avoir son utilité. L’adolescent doit être averti, bien sûr, qu’on va le contrôler. Et avec son accord, pourquoi ne pas utiliser l’outil ?
J’ai connu ces périodes de désarroi, quand mon fils fumait ses pétards, et que je ne le savais pas, ou que je n’arrivais pas à identifier les raisons de son changement de comportement. Un tel test m’aurait peut-être aidée à y voir plus clair.

Un outil, rien d’autre et à utiliser avec précaution.
 

Sophie Daout, le 23 avril 2010
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Vol.8 - No. 147

La Californie….et la légalisation du cannabis !

Je vous ai déjà expliqué comment le débat sur les vertus thérapeutiques du cannabis, débat qui devrait rester strictement médical, est en fait une manipulation de la part des partisans de la légalisation de ce produit. En effet, s’il est possible, en présentant une ordonnance de médecin, d’obtenir du cannabis, il sera facile pour certaines personnes pourtant en fort bonne santé, de persuader leur docteur d’en délivrer.

Et s’il est si aisé de s’en procurer, alors pourquoi ne pas le légaliser ?
D’autant plus que l’on peut avancer une foule d’arguments pour justifier cette thèse. Ces arguments sont faciles à démonter, bien sûr, mais le raisonnement peut paraître sans faille ! L’argument le plus convaincant est sans doute l’argent que les états pourraient en retirer. Et bien sûr, la Californie qui aurait bien besoin de se renflouer parce que les caisses de l’état sont vides, oui la Californie nous montre l’exemple.

Voici des extraits d’un article paru le 26 avril sous la plume de Nicolas Bérubé qui travaille à «  La Presse » depuis 2002.

« La Californie se prononce: une première au pays (Los Angeles) Six plants de marijuana poussent dans le placard de Shawn Wright. L'homme de 27 ans agit en toute légalité: il possède une carte remise par l'État de la Californie autorisant les gens malades à fumer du cannabis.
M. Wright est en pleine santé. Il profite simplement d'une application très libérale de la loi sur la marijuana médicale en Californie.

Un petit tour de passe-passe, répandu dans l'État, qui pourrait devenir désuet le 2 novembre prochain, quand les électeurs se prononceront sur la légalisation complète et la taxation de la marijuana - premier effort sérieux sur la question aux États-Unis.
M. Wright (nom fictif), graphiste qui habite Los Angeles, estime qu'il est grand temps que l'État cesse de «jouer à l'autruche» au sujet du cannabis.
«Je ne dis pas que le cannabis est bon pour la santé. Mais ce n'est pas pire que l'alcool. Je crois que le produit devrait être vendu et taxé. L'État a besoin de revenus.» Les militants en faveur de la légalisation ont récolté plus de 680 000 signatures l'an dernier pour appuyer la tenue du vote. Maintenant, ils lancent une campagne de sensibilisation qui mise sur le thème de l'heure: la crise économique.
Dale Clare, porte-parole de la campagne «Contrôler et taxer le cannabis», note que l'État ferait des économies en cessant d'arrêter et de détenir les consommateurs de marijuana. «Le cannabis est déjà la plante la plus lucrative cultivée en Californie. Nous voulons que l'État puisse toucher sa part.» Une étude du Board of Equalization, instance chargée de percevoir les impôts en Californie, montre que l'État toucherait 1,4 milliard de dollars annuellement en taxes sur la marijuana. La

Californie se dirige vers un déficit de 20 milliards en 2010.
La nouvelle loi autoriserait les personnes de 21 ans et plus à posséder une once de marijuana et à en faire la culture pour leur consommation personnelle. La consommation en public serait interdite. Le cannabis serait essentiellement traité comme l'alcool.
L'initiative prévoit un durcissement des peines pour les adultes qui vendraient de la marijuana aux mineurs, ou qui consommeraient la drogue près des écoles. La proposition offre aussi la possibilité à certaines villes de choisir d'interdire la vente de cannabis sur leur territoire……

…..Plusieurs groupes représentant les forces de l'ordre comptent faire campagne contre la légalisation. Le groupe Parents contre les vendeurs de drogue s'oppose aussi à la légalisation de la marijuana. «Les déficits budgétaires ne justifient pas la légalisation du cannabis, note le groupe. L'avenir de nos enfants est plus important que cela», souligne le groupe. » Le dernier sondage sur la question, réalisé par la firme Pew en avril 2009, montre que 56% des Californiens sont en faveur de la légalisation.
C'est le cas du politologue conservateur John J. DiIulio fils, ex-directeur du programme de la foi mis sur pied par George W. Bush. Dans une récente lettre ouverte, M. DiIulio appelle les électeurs à légaliser le cannabis.
«L'an dernier, 800 000 personnes ont été arrêtées au pays pour possession simple de marijuana, ce qui a eu un impact à peu près nul sur la sécurité du public. Il n'y a aucune preuve convaincante voulant que le cannabis soit plus dangereux que l'alcool», conclut-il. »

Et voilà !
Le tour est joué !
Il suffirait d’une campagne bien menée dans les médias, pour persuader l’opinion publique des vertus thérapeutiques du cannabis et de la nécessité de sa légalisation.

Tout ceci se prépare, et la Californie nous en donne l’exemple !

«La Californie, la Californie !» (Air connu, chanson de Julien Clerc !)
 

Sophie Daout, le 30 avril 2010
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Vol.8 - No. 148

J’ai, je vous l’ai dit, assisté jeudi et vendredi à Paris aux « Assises de la Parentalité » organisées par la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Toxicomanies, la MILDT, sur le thème « famille et prévention ». Nous avons eu des exposés de très haut niveau de la part d’éminents professeurs, pour la plupart pédopsychiatries de renom. L’un d’eux, est Philippe Jeammet, professeur de psychiatrie de l’adolescent.

Aux parents, il conseille de parler très tôt de la drogue avec leurs enfants. Il faut se positionner contre toutes les formes d’addiction, afin que dès leur plus jeune âge, et avant un éventuel conflit avec eux, les jeunes sachent ce qu’en pensent leurs parents.

Un journal, « Le Parisien » a posé des questions au Professeur Jeammet, et je ne résiste pas au plaisir de vous confier ses conseils.

Parlez-en dès qu’il vous pose des questions, quel que soit son âge.

Il faut fixer des repères clairs et précis, affirme le spécialiste, et leur expliquer que la drogue n’a rien à voir avec la liberté. On n’est jamais libre d’en consommer. Au contraire, elle rend esclave et a une influence néfaste sur les trois points essentiels du développement des enfants : le corps, l’apprentissage et la sociabilité. »
Point n’est besoin d’avoir un discours trop caricatural sur les substances illicites, au contraire ! Il vaut mieux par exemple nouer le dialogue au détour d’un film, d’une émission de télé… Le père et la mère, même séparés, doivent avoir le même discours.
« Il faut être cohérent avec ce que l’on dit et ce que l’on fait, et au sein du couple. »

S’il consomme déjà, demandez de l’aide.

Le sevrage n’est pas une chose facile. « La drogue est chimiquement faite pour que le sevrage soit impossible sans aide médicale, décrypte Philippe Jeammet. Une fois qu’on est accro, on a besoin d’en consommer pour se sentir bien. Si l’enfant n’arrive pas à arrêter, ce n’est pas parce qu’il n’est pas motivé; c’est biologique. »
De même, il ne faut pas culpabiliser pas si l’on n’arrive pas à le sortir de son addiction. Mieux vaut l’amener chez un médecin spécialisé ou chez un psychiatre. La Mildt a par exemple mis en place un réseau de consultations cannabis. En général, il faut trois mois sans consommation de cette substance pour mettre un terme à la dépendance.

Se tenir au courant des « modes » en matière de consommation.

Les ados de 2010 ne consomment pas les mêmes substances que leurs parents, et pas de la même manière. Depuis 2003, le cannabis et l’ecstasy sont en baisse auprès des jeunes, alors que l’alcool et la cocaïne sont à la hausse.
« Ils y touchent plus tôt, dès 12-13 ans, et recherchent des sensations plus fortes, ajoute le professeur Jeammet, qui souligne par ailleurs que les produits sont plus toxiques qu’autrefois. La prise de risque est aujourd’hui beaucoup plus grande. Les parents ne doivent pas se dire : « Bon, il a dérapé une fois, ce n’est pas si grave. Vu leur manière de consommer, c’est dès le début qu’il faut intervenir. »

Ne pas se laisser impressionner par son ado.

« Les ados ont beaucoup plus besoin que leurs parents s’occupent d’eux et leur donnent des repères que ces derniers ne le croient », affirme le psychiatre.

Et s’ils sont agressifs? « C’est normal. C’est ce besoin de papa et maman qui les gêne et cela s’exprime ainsi. Mais il faut arrêter de considérer l’ado comme un adulte. C’est très angoissant pour lui et cela ne risque pas de régler son problème avec la drogue. »

Inutile d’ajouter qu’en tous points, je suis d’accord avec tous les conseils donnés par le professeur Philippe Jeammet. Je suis pour une prévention précoce. Je demande aux parents d’aborder toutes ces questions avec leurs enfants, mais après s’être bien documenté. Il faut saisir l’occasion d’en parler, et elle se présente souvent : une émission de télé regardée en commun, un film, un journal, un exemple dans le voisinage ou à l’école, provoquent des interrogations chez les jeunes. Les adultes doivent être bien informés pour ne pas tomber dans des réponses toutes faites que leur dicte leur peur.
Il ne faut jamais banaliser une consommation de ces produits.
Il faut faire appel aux médecins pour aider un jeune à sortir de sa dépendance.

 

Sophie Daout, le 14 mai 2010
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Vol.8 - No. 149

Le trésor des dealers

Au lieu de légaliser le cannabis pour renflouer les caisses des Etats, il existe peut-être une autre méthode pour les différents pays touchés par la crise économique. Pourquoi ne pas s’en prendre au « trésor de guerre » que nos chers dealers acquièrent en taxant nos jeunes ? C’est un article paru dans le Figaro, signé par Jean-Marc Leclerc, qui m’a donné cette idée. Je pense qu’elle mériterait d’être exploitée.

«Plus on cherche, plus on trouve !» À en croire l'entourage du ministre de l'Intérieur, la lutte contre l'économie souterraine prend des allures de chasse aux trésors : au millier de véhicules saisis aux trafiquants l'an dernier s'ajoutent désormais des immeubles entiers dans certaines villes de banlieue, mais aussi des appartements haussmanniens à Paris et des manoirs en province.
«C'est que les voyous, en ces temps de crise, investissent aussi dans la pierre», constate le commissaire Christophe Perez-Baquey, chef de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF).
L'une de ces propriétés, en Charente, composée de 56 pièces, appartenait à un gros bonnet de la drogue dénoncé par les Britanniques. On parle aussi de la villa d'un magnat russe aux avocats très tatillons qui blanchit de la fraude fiscale dans la région niçoise.
L a police fait feu de tout bois. Elle a même cru pouvoir récupérer un authentique château qu'un truand de haut vol s'était approprié. Mais l'affaire a tourné court, sur un vice de procédure.
D'où la discrétion des autorités sur le nom de ce joyau du patrimoine national…

Des sommes colossales sont en jeu. Les seules saisies réalisées en 2009 ont atteint, entre les comptes bancaires, les biens mobiliers et immobiliers, la somme de 185 millions d'euros, soit le double de l'année précédente. Et les chiffres du premier semestre 2010 laissent présager d'autres records, notamment en matière de saisie de parts de sociétés. La loi Warsmann simplifiant les procédures de confiscations des biens des voyous est censée démultiplier la force de frappe de la police financière. Mais même sans ce texte, le rouleau compresseur avance.
Le Figaro a pu le constater en accédant aux dossiers de la Plate-forme d'identification des avoirs criminels (Piac) de la police judiciaire, à Nanterre. On trouve dans son fichier des saisies de quoi ouvrir un véritable salon de l'automobile de luxe : Aston Martin DB9, à 200.000 euros pièce, Ferrari Modena, Lamborghini Gallardo, et même la Bentley Continental d'un grossiste lillois versé dans le trafic de stups avec la Belgique.

«Les biens immobiliers valent encore plus cher que les voitures qui brillent», rappelle le commandant Patricia Mathys, patronne de la Piac. «Le danger est que l'argent du crime vienne corrompre durablement l'économie de certains quartiers, où il est parfois investi en masse», renchérit son adjoint, le capitaine de gendarmerie Romain Stiffel, expert en décryptage des montages frauduleux. En Seine-Saint-Denis, à Bobigny notamment, des familles de trafiquants cherchent ainsi à acquérir des rues entières. Dans une inquiétante dérive mafieuse, ils agissent sous couvert de sociétés civiles immobilières (SCI).
D'autres préfèrent se mettre au vert, dans des départements ruraux, pour éviter d'attirer l'attention. À Charleville-Mézières par exemple, un soi-disant bûcheron, versé dans le trafic de cannabis, détenait dix appartements mis au nom de sa mère. Il s'achetait des hectares de forêt et offrait de somptueux cadeaux à ses amis, comme des quads, ces engins 4×4 bien pratiques pour se rendre à la chasse au sanglier. Les enquêteurs ont pu identifier 370.000 euros de revenus illicites dans ce dossier. Et les juges ont sévi, à proportion de ce montant, confisquant l'équivalent de 322.000 euros. Le «bûcheron» des Ardennes payait tout en liquide. Mais il conservait soigneusement les tickets de caisse, dont le total calculé par les enquêteurs dépassait déjà de trois fois son revenu déclaré…
Tout est là, dans la capacité des services à établir la non-justification de ressources. Or le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, réputé pour son expérience des dossiers financiers, le dit : «Cette arme juridique mérite d'être davantage utilisée. Dès qu'un voyou tombe dans les filets policiers, nous devons lui réclamer des comptes sur son salon en cuir, son home cinéma, ses costumes Hugo Boss ou les voyages en Thaïlande qui s'étalent dans ses albums photo.»
Une révolution culturelle est en marche.

Voilà une bonne idée, enfin, n’est-ce pas ? Au fond, il ne s’agit que de récupérer l’argent qu’on nous a volé. Et puis, peut-être que, leur travail devenant beaucoup moins lucratif, les dealers envisageraient une reconversion professionnelle ?
Et la santé de nos jeunes s’en trouverait nettement améliorée !

Qu’en pensez-vous ?  

Sophie Daout, le 21 mai 2010
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Vol.8 - No. 150

Des OGM pour booster le cannabis

Le Professeur Henri Joyeux vient de lancer un pavé dans la mare en parlant du cannabis transgénique.

Le Professeur Henri Joyeux, Président de « Familles de France », vient de jeter un pavé dans la mare en parlant du cannabis transgénique :
« Haschich -Comment on trompe les jeunes !
Le premier des OGM c’est le haschich !
Deux informations pour les jeunes qui sont exploitées par les trafiquants.
Pour rendre les petits consommateurs accros, c'est-à-dire dépendants, il n'y a pas mieux que d'augmenter la dose de produit toxique le
THC (TetraHydroCannabinol) dans la plante. Le haschich proposé aux jeunes est un OGM et contient désormais des concentrations de THC qui sont passés de moins de 5% à 35-40% selon l'Observatoire français des drogues et toxicomanies.

De plus en plus de cancers sont observés chez des jeunes qui ont fumé plus de haschich que de tabac : le système immunitaire de défense est altéré et des cancers foudroyants apparaissent tant au niveau des poumons, du système lymphatique que des organes digestifs.
Le nombre de cancers chez les enfants de parents ayant consommé du haschich est cinq fois plus élevé. Le nombre de leucémies est multiplié par 10 chez les enfants nés de mère ayant fumé du haschich pendant la grossesse. … »

Immédiatement, c’est la levée des boucliers en face :

« Après la patate et le plateau de fromages, les joints génétiquement modifiés ? C’est l’idée choc dénichée par Familles de France pour sa campagne de sensibilisation sur les dangers du cannabis, qu’elle considère comme une drogue dure. Selon l’association, « du cannabis OGM au THC boosté jusqu’à 40% circulerait sur le territoire français. En augmentant le principe actif de la drogue, les trafiquants chercheraient à rendre les petits consommateurs accros », nous apprend 20 minutes. « Nous n’excluons pas que cela existe, même si c’est loin d’être une généralité », répond l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies.
«Le terme OGM est galvaudé », conteste un expert des douanes cité par le quotidien gratuit, qui précise que « le soupçon proviendrait des manipulations effectuées sur les génotypes des espèces».
En clair : la sélection des meilleures variétés, comme le font les paysans depuis toujours pour les tomates ou les vaches limousines. L’Office central des stupéfiants note d’ailleurs que les producteurs d’herbe ont des moyens autrement moins conséquents que le géant vert Monsanto... Familles de France aurait-elle fumé la moquette ?
Le rédacteur :
JULIEN VINZENT
Terra eco

En fait, l’information n’est pas aussi saugrenue que veulent le dire bien les lignes si dessus, si l’on en croit le journal « Le Parisien » :

« Le maïs transgénique ? Ringard ! Dans un communiqué diffusé ce matin, et que nous dévoilons, Familles de France s’inquiète de l’augmentation progressive du taux de principe actif, le THC (tétrahydrocannabinol ), dans le cannabis circulant dans l’Hexagone. Selon l’association de protection de l’enfance, les trafiquants manipuleraient génétiquement les graines de chanvre afin de « booster » les effets de la drogue et donc d’attirer le chaland.
Une hypothèse fantaisiste ?

Peut-être pas, car les techniques existent et se répandent à travers les sites Internet de bio-hacking, un phénomène qui voit des biologistes en herbe s’essayer à la fabrication d’OGM à domicile.
«On ne peut pas exclure l'existence de manipulations génétiques» Emmanuel Guiderdoni, directeur du centre de recherche de l'environnement

Premier indice : avec un taux de THC oscillant autour de 10 %, la quantité moyenne de principe actif contenu dans le cannabis saisi « a doublé depuis quinze ans », note Patrick Mura, vice-président de la Société française de toxicologie.

Pis : la direction des douanes note l’apparition récente de résines venues des Pays-Bas affichant jusqu’à 25 % de THC. « La plupart de ces cannabis sont obtenus par sélection des graines », analyse Emmanuel Guiderdoni, directeur du Cired, un centre de recherche sur l’environnement. « Cela dit, on ne peut pas exclure l’existence de manipulations génétiques : les gènes conduisant à la fabrication du THC sont connus depuis 2004, et les techniques de reproduction ont été testées en laboratoire avec succès dès 2006. » Les trafiquants s’en servent-ils ? « A grande échelle, ce genre d’opérations coûte beaucoup d’argent, mais vu les moyens financiers dont ils disposent, ce n’est pas impossible. »
Mais pour le « petit cultivateur », nul besoin d’un équipement important. Sur des forums Internet américains spécialisés, le processus est même décrit avec précision, moyennant un équipement rudimentaire. « Obtenir un extrait pur d’ADN est un jeu d’enfant, souligne Yves Bertheau, directeur de recherche à l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). Pour le reproduire, il faut davantage de connaissances, mais un étudiant en génétique peut facilement s’en sortir. » Plus simple encore, l’opération qui consiste à multiplier les chromosomes de la plante pour produire une drogue de « qualité supérieure », ne coûte que quelques euros. « Pour cela, il suffit de laisser plonger ses graines dans une solution de colchicine, un médicament contre la goutte. C’est un tuyau que se refilent les petits producteurs via Internet », révèle Sylvestre Bertucelli, président de la Fédération nationale de producteurs de chanvre.
Reste qu’à ce jour, aucune donnée officielle n’existe sur l’ampleur de ces phénomènes. « Pourtant, la détection d’un cannabis génétiquement modifié est très simple sur le plan technique », observe Emmanuel Guiderdoni. Jugeant l’existence de ces manipulations « peu crédibles », les laboratoires des douanes, chargés de l’examen des drogues saisies en France, n’ont jamais procédé pour l’instant à de telles analyses. »
 

Sophie Daout, le 28 mai 2010
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Vol.8 - No. 151

L’argent de la drogue

Il y a quinze jours, dans ma chronique, j’écrivais ceci :
« Au lieu de légaliser le cannabis pour renflouer les caisses des Etats, il existe peut-être une autre méthode pour les différents pays touchés par la crise économique. Pourquoi ne pas s’en prendre au « trésor de guerre » que nos chers dealers acquièrent en taxant nos jeunes ? C’est un article paru dans le Figaro, signé par Jean-Marc Leclerc, qui m’a donné cette idée. Je pense qu’elle mériterait d’être exploitée. »

L’idée est lumineuse certes, mais ne m’appartient pas en propre. En effet, nos représentants européens y ont pensé aussi.

L’Europe est une entité récente, et peu à peu, nous admettons l’idée de mettre en commun nos richesses et de travailler ensemble. Ainsi en ce qui concerne la lutte contre la drogue

« UE veut frapper les barons de la drogue au portefeuille LUXEMBOURG - L'Union européenne est décidée à frapper les trafiquants de drogue au portefeuille et veut couper les routes de la cocaïne et de l'héroïne, a annoncé jeudi la présidence espagnole de l'UE à l'issue d'une réunion des ministres de l'Interieur à Luxembourg.

"Il faut en finir avec les bénéfices du crime", a affirmé le ministre espagnol Alfredo Rubalcaba à l'issue de la réunion. "Nous allons saisir leurs actifs et sans argent, ils ne pourront plus agir", a-t-il expliqué.

"Nous parlons de bénéfices colossaux", a pour sa part souligné son homologue français Brice Hortefeux. La saisie de l'argent du crime est une des trois actions du pacte européen contre le trafic international de la drogue préparé par M. Hortefeux et approuvé jeudi par ses homologues.

"J'ai été impressionné par les sommes trouvées lors d'une opération menée il y a deux mois dans une banlieue de Paris. Les policiers ont saisi de l'héroïne, de la cocaïne, du cannabis, des armes et 990.000 euros. Et pour montrer à quel point les trafiquants sont organisés, il y avait également une machine pour trier les billets", a raconté le ministre.

Brice Hortefeux s'est dit personnellement "assez partisan de mettre une partie de l'argent pris aux trafiquants dans un pot commun européen", pour financer des actions.

Mais son homologue espagnol a mis en avant les problèmes juridiques posés par une telle idée. "Nous verrons", a-t-il tempéré.

L'idée du pacte est de "porter un coup décisif aux groupes criminels" en unissant et en coordonnant les moyens des pays de l'UE, qui, pour l'instant, agissent en ordre dispersé.

"Cette initiative est très importante, car elle montre que l'UE est déterminée. Il faut maintenant agir", a plaidé Cecilia Malmström, la commissaire chargée des Affaires intérieures. Deux drogue --la cocaïne et l'héroïne-- sont identifiées comme des priorités dans ce document.

Plus de 13 millions d'Européens ont consommé de la cocaïne, selon les estimations. En France, cette drogue prisée des milieux aisés touche désormais de nouveaux consommateurs. "Un million de Français ont consommé de la cocaïne et on estime que 250.000 sont des consommateurs réguliers", a souligné M. Hortefeux.

La route de la cocaïne part d'Amérique latine et transite par l'Afrique de l'Ouest pour être ensuite acheminée sur les marchés européens par l'Espagne, l'Italie, le Portugal, la France et plus au nord, par la Grande-Bretagne et les Pays-Bas.

Selon les autorités françaises, le marché européen absorbe 17% de la cocaïne produite chaque année en Amérique latine, soit 150 tonnes pour une valeur de 9 milliards d'euros à la revente. L'héroïne vient d'Asie et d'Afghanistan, et entre en Europe via les pays des Balkans, la Turquie et la Russie.

"Nous devons fédérer nos forces", a insisté M. Hortefeux. L'idée développée dans ce document est la constitution de groupes de pays chargés de mettre en commun leurs moyens pour lutter contre les routes des deux drogues qui entrent en Europe par leur territoire. Un groupe de pays à l'Ouest contre la cocaïne et un autre à l'Est contre l'héroïne.

La lutte visera également les "précurseurs", les produits chimiques utilisés pour couper et travailler les substances.

Les Européens n'entendent pas pour autant négliger la lutte contre les autres drogues, notamment le cannabis, l'ecstasy et les autres drogues de synthèse.
(©AFP / 03 juin 2010 20h39)

Et voilà, c’est tous ensemble que nous pourrons réussir à trouver des solutions.
Tout le monde sait que l’argent est le nerf de la guerre.
Attaquons donc ce trafic là où existe une faille: cet argent mal gagné, récupérons-le et utilisons-en une partie pour soigner les toxicomanes par exemple et pour faire de la prévention.
Le commerce de la drogue devenant beaucoup moins lucratif pour les dealers, peut-être aurons-nous moins de vocations de dealers !

Sophie Daout, le 4 juin 2010
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Vol.8 - No. 152

Il y a plusieurs semaines, Daniel Vaillant, ex-ministre socialiste de l’Intérieur et actuel maire du XVIIIe arrondissement de Paris, proposait de légaliser la «consommation personnelle» de cannabis en encadrant production et importation. Qu’en pensent les dealers qui vivent pour l’instant de ce commerce illicite ?
Quelle conséquence pour eux, pour les quartiers ?
Pour le savoir, Olivier Bertrand, journaliste de « Libération » a pu rencontrer trois trafiquants dans la banlieue lyonnaise.
Sous couvert d’un total anonymat, ils répondent avec simplicité :

Les états feraient-ils concurrence aux dealers ?

 Eric, la quarantaine, a commencé à 14 ans avec«des petites conneries de quartier», puis a gravi les échelons en gagnant la confiance «de gens plus importants». Après avoir parfois investi pour faire venir des cargaisons de cannabis d’Espagne, il se contente aujourd’hui de gagner de 3 000 à 4 000 euros par mois en prenant des risques limités.
Il refourgue du cannabis par savonnettes. Sur la terrasse déserte d’un McDo de banlieue, il répond : «Si l’Etat veut mettre des coffee-shops [lieux de vente et de consommation légale et contrôlée aux Pays-Bas,], ce serait plus sûr de les installer dans des commissariats. Dans les quartiers où j’ai commencé à bidouiller, ça brûlerait tout de suite. Comme si quelqu’un s’installait sur ton territoire pour niquer ton marché : tu peux pas laisser faire.»  Légal, le haschisch serait perçu comme un concurrent. Mais éliminerait-il pour autant les trafics clandestins ?
«Je crois pas», répond Malik, artisan qui arrondit ses fins de mois en revendant du hasch à la barrette et en savonnettes. 
«Les fils à papa, poursuit-il, iraient peut-être acheter leur shit officiellement. Mais vous en trouveriez toujours en parallèle. Dans le tabac de ma ville, on vend des cigarettes, puisque c’est légal. Mais je peux vous en trouver juste à côté, à 3 euros le paquet. C’est comme dans la maçonnerie : vous trouvez des artisans très chers et très doués, et du travail au noir défiant toute concurrence. Le shit ferait pareil.»

Rachid, plus âgé, est grossiste, roule dans une voiture pourrie, mais gagne très bien sa vie.
Il pense qu’une légalisation n’éliminerait qu’une partie du trafic. «Les marchés parallèles ont toujours existé pour tous les produits licites, dit-il. Le Viagra, on peut pas en acheter beaucoup à la fois en pharmacie, alors si tu veux baiser beaucoup, je peux te trouver une autre solution… Si le shit était légalisé, ceux qui veulent plus de 2 grammes continueraient de venir voir leur dealer. La seule conséquence c’est que ce serait moins cher.»
Ils sont unanimes là-dessus : la concurrence légale ferait baisser les prix. «Surtout si l’Etat vend de la qualité», précise Malik. Qui poursuit : «Les marges baissant, il faudrait en faire plus pour gagner la même chose, donc se battre pour maintenir son chiffre dans un marché réduit. Il y aurait plus de violence.» Ils ont pigé depuis longtemps que cette violence générée par les rivalités du business terrorise les habitants et pousse les pouvoirs publics à agir. Ce serait préférable pour tout le monde qu’il n’y en ait pas, remarque Rachid, le grossiste.
Mais il faut comprendre qu’on est dans une économie où il n’y a pas de contrats, pas de loi. Tout se fait à la parole. Ça dégénère quand quelqu’un vient sur ton marché ou quand il y a des promesses non tenues, des dettes non remboursées, de la marchandise de merde qui a été livrée.
»

«Pesetas». 

Eric semble se lasser de ce jeu violent et lucratif. Il pense décrocher. «Jusque-là, soupire-t-il, une bonne étoile m’a suivi. Mais depuis un moment, je sens des ondes négatives. Des mecs autour de moi plongent, et surtout il y a ces merdeux à qui il faut faire de plus en plus mal pour pas qu’ils te chient dessus.» 
D’autres prendront la relève, il le sait : «Il y a tellement de pesetas à se faire, ça ferait tourner la tête à beaucoup.» 
Malik, de son côté, reste motivé et défend son activité. «Souterraine ou pas », dit-il, «c’est une économie qui génère beaucoup d’argent depuis trente ans. De l’argent réinvesti en France, et qui fait travailler beaucoup de gens
Il continue, grimaçant : «Si l’Etat nous remplace, il va nous donner des postes ? Convoyeur ? Vendeur ? Non. De toute façon, un bon commercial, si vous lui interdisez de vendre son produit, il en vendra un autre, c’est juste logique.»
Mais les alternatives rentables ne sont pas si nombreuses. Le trafic de cigarettes ? Il faut faire venir un plein semi-remorque pour se partager 100 000 euros. Marge pour laquelle il suffit de faire «monter» du Maroc 200 à 250 kilos d’un cannabis de moyenne qualité. Rachid prédit le développement d’une délinquance plus violente. «Je connais pas mal de jeunes qui avant montaient au braquage et qui aujourd’hui, en vendant leur kilo, se font tranquilles leurs billets. Si on leur enlève ça, ils retourneront aux bracos ou aux cambriolages.» 
Eric parie pour sa part sur l’augmentation de la consommation de cocaïne, phénomène qui a déjà commencé :«Comme tout le monde s’est mis au cannabis parce que c’est facile à trouver avec peu d’investissement, il y en a de plus en plus qui essaient la coke.» 
Pour s’installer sur un marché moins encombré.

«Saloperie». 

Une légalisation encadrée ne présenterait à leurs yeux qu’un seul avantage: le consommateur saurait ce qu’il achète. «Aujourd’hui, si tu ne connais pas bien ton dealer, tu peux acheter n’importe quelle saloperie», dit Malik.
Rachid confirme, et prend l’exemple de la Hollande, où le «bon vieux marocain» se trouve dans les coffee-shops, et les produits de synthèse dans la rue. Il pense que l’Etat vendrait «des produits de meilleure qualité». Mais «prendrait sa pièce au passage». 
Alors, en bon commercial, il mise sur ces taxes qui plomberaient le prix du chichon officiel.
Et conclut, dans une moue : «Si on travaille bien, l’Etat ne sera jamais concurrentiel.»

Sophie Daout, le 11 juin 2010
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Vol.8 - No. 153
Je suis revenue !

Bonjour à tous,

Il y a bien longtemps que je ne me suis pas entretenue avec vous. Je suis partie, puis revenue, repartie, re revenue, repartie encore…mais me voilà enfin chez moi, pour quelques semaines encore, et prête à reprendre mes conversations avec vous. J’espère pouvoir recommencer à le faire régulièrement.

Je vais vous parler de mes petits voyages et d’abord du premier, au mois de juin, en Espagne.

L’Espagne, c’est souvent pour nous la Costa Brava, en Catalogne, au sud de Barcelone. Michel, mon beau-frère y possède un appartement qu’il prête volontiers aux membres de sa famille et nous avions l’habitude d’en user largement. Il est magnifiquement situé.
Nous n’avons qu’à traverser la rue piétonne pour accéder à la plage. Du balcon où nous prenons notre petit déjeuner, nous avons une vue époustouflante sur la baie de Rosas, et la mer est si proche de nous que nous avons un peu l’impression d’être sur un bateau.

Pourtant, depuis dix ans, je n’avais pas voulu revenir à Rosas…

Pourquoi un tel blocage ?

Parce que c’est là-bas que m’a atteinte il y a dix ans, la nouvelle la plus abominable de ma vie, celle qui a bouleversé mon existence, celle qui a transformé la femme assez insouciante que j’étais alors en la femme blessée que je suis aujourd’hui, la mort de Gauthier mon fils aîné.
Sous le choc, j’avais alors écrit ce poème :

Rosas

Nous étions partis en vacances,
Pour quelques jours, rien que nous deux,
C’est tristement que je repense
A ce voyage en amoureux.

Nous avions choisi le printemps,
Avant l’arrivée des touristes
Du haut de notre appartement,
Nous écoutions un guitariste.

Tous seuls, ne connaissant personne,
Nous étions gais et insouciants,
Juste avant que l’heure ne sonne,
Je me souviens de cet instant.

Nous nous sentions l’esprit nomade,
Libres et vivants comme l’espoir,
Nous faisions une promenade,
Main dans la main dans ce beau soir.

Notre guitare monotone,
Jouait un air triste à pleurer,
Soudain, ce coup de téléphone,
Et ton cher visage atterré.

Je vis encore ce moment,
Comme en un film au ralenti,
Nous deux heureux insolemment,
Puis toi et moi anéantis…

C’en est fini de l’espérance,
Pour moi la vie s’est arrêtée,
Pendant ces petites vacances,
Près d’une plage avant l’été…

(Mes yeux dans tes cieux)

Dix ans ont passé. Et la douleur est toujours là en moi, elle ne me quittera jamais.
Je savais très bien que si je ne me décidais pas cette année à aller à Rosas, je n’irais plus jamais.

Nous y sommes allés avec nos amis de toujours, Olga et Michel qui nous ont accompagnés tout au long des moments difficiles de notre vie. Je me suis à nouveau penchée sur le balcon duquel, il y a dix ans, j’ai, furtivement eu envie de tomber.
Ce pèlerinage a été très triste et très doux, dans l’amour de mon mari, et l’amitié. Je peux désormais revenir à Rosas, j’ai exorcisé le passé…

Voilà pour mon premier voyage !
 

Sophie Daout, le 23 ocotobre 2010
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Vol.8 - No. 154
Je suis revenue !

Un autre de mes voyages m'a conduite en Tunisie, à Djerba exactement.

Je connais vraiment bien la Tunisie. Quand les enfants étaient petits, nous y allions souvent en vacances. La langue n'est pas un obstacle, puisqu'on y comprend bien le français. Au fil des années, j'ai appris quelques mots de politesse, je dis bonjour et bonsoir, merci, comment ça va, au revoir…etc. en arabe, ce qui surprend, ravit et amuse mes interlocuteurs.

Nous sommes allés dans un hôtel-club, où TOUT est compris.

TOUT, cela signifie la pension complète, mais aussi les spectacles, les sports, et aussi les boissons en dehors de celles des repas.

Certaines personnes n'y vont que pour ce " TOUT compris ". A l'aéroport de Marseille, un jeune téléphonant à l'un de ses amis, très fort, nous a obligés à partager ses informations. " Oui mon vieux, disait-il, all inclusive ! Ca va être super ! Déchiré tous les soirs ! ".

Effectivement, nous avons vu !

Un jour, deux jeunes femmes, complètement saoules, avaient été refoulées de la salle à manger. L'une d'elles s'accrochait en titubant au bras de chacun des dîneurs en lui disant : " S'il te plaît, papy, tu vas me chercher un verre de rosé ? moi, j'ai pas le droit ! ".

Spectacle navrant, pitoyable !

Un autre soir, une jeune femme, elle aussi bien éméchée, s'est jetée tout habillée dans la piscine. Elle a manqué se noyer et n'a dû son salut qu'à la présence à cette heure tardive de deux vacanciers. Elle a terminé ses vacances à l'hôpital.

J'ai vu aussi, sous le ciel magnifiquement étoilé, des fumeurs de narguilé. Sans doute suis-je déformée par mon combat contre la drogue, mais j'avoue que j'ai pensé que les fumeurs n'inhalaient pas seulement des vapeurs de jasmin…

Je suis revenue de mes vacances reposée mais aussi pleine de doutes et de questions.

Que vont chercher ces jeunes dans de tels séjours ? Un moyen de se défoncer à bas prix ? Quel regard peuvent porter les autochtones sur de telles attitudes ? Quelle image leur présentons-nous?

Nous n'avons déjà que trop tendance à dédramatiser chez nous des comportements à risques, à banaliser des produits dangereux.

Et nous exportons cette image !

C'est bien dommage !!
 

Sophie Daout, le 29 ocotobre 2010
HAUT DE LA PAGE










Vol.8 - No. 155

La semaine dernière, un message qui semblait de la plus haute importance est arrivé dans ma boîte aux lettres.
Le voici :

octobre 2010
Protégeons nos enfants et nos petits-enfants et tous les petits innocents du monde
Protégeons nos enfants et nos petits-enfants et tous les petits innocents du monde qui pourrait se faire attraper par des adultes malveillants et vicieux, pour faire de telle chose
Si vous n'avez pas d'enfant faire suivre à ceux qui en ont.
Ça peut sauver une vie.
Une autre maudite cochonnerie......mais il y a donc bien des ''malades'' pour avoir autant de temps à perdre à fabriquer de nouvelles drogues. Tout ça pour droguer des enfants.

Veuillez circuler… c'est URGENT !Ceci est la nouvelle drogue connue sous le nom de "strawberry quick".
Il y a quelque chose de très effrayant qui se passe dans les écoles en ce moment dont nous devrions tous être au courant.
Il y a un type de "Crystal Meth" qui circule et ressemble à une fraise en cristaux durcis (un bonbon qui grésille et qui sautille dans votre bouche).
Il sent également comme la fraise et il est distribué aux enfants dans la cour d'école. Ils l'appellent le "Strawberry Met" ou "Strawberry Quick".
Les enfants ingèrent cette drogue en pensant que c'est un bonbon et se précipitent rapidement à l'hôpital dans un état piteux.
Il peut également en avoir à la saveur de chocolat, de beurre d'arachide, de cola, de cerise, de raisin et d'orange. Veuillez enseigner à vos enfants de ne pas accepter les sucreries des étrangers ou même accepter les bonbons qui ressemblent à ceci venant d'un ami (qui peut lui avoir été donné en croyant que c'est un bonbon), et leur mentionner qu'ils doivent aller le porter à un professeur ou au principal immédiatement.

Veuillez circuler ce courriel à autant de personnes que vous pouvez (même s'ils n'ont pas d'enfants) de sorte à ce que nous puissions sensibiliser les gens et espérer éventuellement prévenir les tragédies de se produire.
Faire circuler. Merci ! "

Cellule Protection de l'enfance
Préfecture Haute Garonne
Place Saint-Etienne
31038 TOULOUSE
Tel. : 05 34 45 34 45

Bien sûr, il y a de quoi s'alarmer.

Mais comme je suis prudente, je me suis renseignée. Il s'agit d'un " hoax ", c'est à dire d'une information fausse véhiculée par Internet.

Comment ai-je fait ?
Tout simplement, j'ai effectué un copié collé du début de texte sur une moteur de recherche.

Ce genre de message est fréquent et a même une apparence de sérieux: un numéro de téléphone atteste de sa véracité. Je n'ai pas appelé, parce que je sais que personne ne répondra, bien sûr !

Hélas, la diffusion de telles rumeurs ne sert guère la cause que je défends. Cela ne sert qu'à inquiéter ou même affoler les gens. Or nous avons besoin de mobiliser toutes les énergies pour nous battre efficacement !
 

Sophie Daout, le 5 novembre 2010
HAUT DE LA PAGE










Vol.8 - No. 156

Peu à peu l'Europe s'organise sur tous les plans, y compris dans la lutte contre la drogue, et je ne peux que m'en réjouir, bien sûr. Le bilan présenté aujourd'hui est la première étape de l'évaluation entreprise pour déterminer si le plan d'action drogue de l'UE est efficace dans l'ensemble, et si la situation en matière de drogue s'améliore grâce à ces mesures.

"La Commission européenne préconise de réagir rapidement pour lutter contre les nouvelles drogues, les "euphorisants légaux" et les circuits d'acheminement. Au cours des dix-huit derniers mois, l'Union a accompli des progrès dans l'enrayement de la consommation et du trafic de drogues. La Commission s'efforce actuellement de mettre un terme à la libre diffusion des "euphorisants légaux", et elle a proposé, le 20 octobre dernier, d'interdire dans l'ensemble de l'Union la méphédrone, une drogue proche de l'ecstasy, qui est déjà illicite dans 15 États membres. Une avancée décisive a également été réalisée grâce au blocage des importations de cocaïne et d'héroïne. Il reste cependant beaucoup à faire pour endiguer l'augmentation du nombre de décès liés à la consommation de cocaïne et l'émergence de nouvelles drogues et de circuits d'acheminement transfrontière. Telles sont les principales conclusions du premier bilan, publié aujourd'hui, que la Commission européenne a dressé du plan d'action drogue de l'UE (2009-2012). Chaque année, 6 500 à 7 000 personnes meurent d'une overdose dans l'Union. On estime qu'au cours de l'année passée, 25 à 30 millions d'Européens ont consommé l'un ou l'autre type de drogues illicites, dont 4 millions qui ont pris de la cocaïne. Un millier de décès liés à sa consommation ont été enregistrés."

"La toxicomanie et la délinquance qui y est liée affectent la vie de millions d'Européens. Malgré des progrès encourageants, nous devons œuvrer davantage pour réduire les ravages causés par la drogue et réagir promptement à la mise sur le marché de nouvelles substances", a déclaré Mme Viviane Reding, vice présidente et commissaire chargée de la justice. "J'appelle les gouvernements des États membres à maintenir les services de prévention et de traitement de la toxicomanie dans le contexte de la crise économique qui risque d'aggraver la situation en la matière dans l'Union". Le rapport de la Commission, publié aujourd'hui, dresse le bilan des progrès réalisés pendant l'année 2009 et le premier semestre de l'année 2010 dans le cadre du plan d'action drogue de l'UE (2009-2012). Ses conclusions reposent sur les contributions des États membres de l'UE, de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, et d'Europol. Parmi les réalisations, citons:

Une baisse du nombre de nouveaux cas de VIH parmi les consommateurs de drogue, grâce aux investissements considérables que les gouvernements des États membres ont, ces dix dernières années, consentis dans les mesures préventives;

une coopération accrue pour lutter contre le trafic de drogues, avec deux nouveaux programmes, axés sur l'échange de renseignements et sur l'élaboration de techniques antidrogue en Afrique de l'Ouest, et l'adoption d'un Pacte européen de lutte contre le trafic international de drogue - Démanteler les routes de la cocaïne et de l'héroïne;

une approche plus stratégique de la recherche, pour concevoir des politiques destinées à réduire les effets sanitaires et sociaux néfastes de la consommation de drogue.

Parallèlement, le rapport met également en évidence plusieurs défis appelant des mesures supplémentaires:

la prolifération de nouvelles drogues, vendues comme des substances légales de substitution à des drogues illicites, ("euphorisants légaux") telles que la méphédrone, drogue proche de l'ecstasy, dont la Commission a récemment proposé l'interdiction dans l'Union la croissance de la consommation combinée de drogues licites et illicites;

L'augmentation du nombre de décès par overdose de cocaïne: près de 1 000 décès sont déclarés chaque année (chiffres fournis par l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies);

La modification rapide des circuits d'acheminement de drogue, car les groupes criminels organisés cherchent à contourner les barrières dressées par les États membres de l'UE;

l'aide extérieure aux pays tiers gagnerait à être réorientée vers des politiques qui réduisent la demande de drogues dans ces pays.

Il est en outre probable que la crise économique actuelle se répercutera sur la situation en matière de drogue dans l'Union. Les difficultés économiques auxquelles sont confrontés les groupes vulnérables pourraient se traduire par une hausse de la consommation de drogue. La Commission demande instamment aux États membres de continuer à financer des services de traitement de la toxicomanie.

Contexte

La lutte contre la toxicomanie nécessite une approche à long terme, intégrée et pluridisciplinaire. La stratégie antidrogue de l'UE pour la période 2005-2012 et les deux plans d'action drogue (2005-2008 et 2009-2012) qui la mettent en œuvre exposent l'approche cohérente et équilibrée retenue par l'UE pour réduire la demande des consommateurs et l'offre de drogues.

Le plan d'action drogue de l'UE (2009-2012) s'articule autour de cinq priorités: améliorer la coordination, réduire la demande de drogues, ainsi que l'offre, renforcer la coopération internationale et améliorer la compréhension du problème de la drogue. Il énumère plus de 70 mesures destinées à mieux coordonner les interventions gouvernementales en matière de drogues illicites, mesures qui s'étendent à la santé publique, aux services répressifs, aux douanes, à la justice pénale et aux relations extérieures. La politique antidrogue est principalement du ressort des États membres. La Commission est chargée d'assurer le suivi et l'évaluation de la stratégie antidrogue de l'UE et des plans d'action drogue.

Elle a néanmoins la faculté de proposer aux États membres de mettre de nouvelles drogues sous contrôle. Cette décision met en place un système d'échange rapide d'informations sur les nouvelles substances psychoactives. Elle a également institué une procédure d'évaluation des risques et de contrôle de ces substances. "

Tout ceci n'est qu'un début, certes, mais il est réconfortant que les instances européennes aient pris conscience de ce problème, et décidé de mettre en commun les moyens pour tenter de le résoudre !

Pour l'actrice de terrain que je suis, c'est très important !
 

Sophie Daout, le 20 novembre 2010
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Vol.8 - No. 157

La cocaïne, la drogue " paillettes "

Oui tout le monde le sait, aujourd'hui la cocaïne se démocratise. Moins chère, elle concurrence le cannabis et bénéficie en outre d'une image sympathique : c'est la drogue de la jet-set, des médias, de la mode et du spectacle. Elle a un côté " paillettes ", et elle reste liée aux ambiances festives. Elle est pour beaucoup de gens synonyme de réussite sociale. Elle ne fait pas peur comme l'héroïne.
L'héroïnomane n'est pas inséré socialement, et, en état de manque, il est pitoyable. On n'imagine rien de semblable avec la coke. Le cocaïnomane travaille, et évolue dans le monde de la fête et de l'argent. Mais beaucoup ignorent la gravité de la dépendance et des risques auxquels elle expose.

Quel est donc le véritable visage de cette drogue ?

Un article de l'hebdomadaire " L'Express " a pour titre " Avez-vous déjà côtoyé la cocaïne? "
Par Vincent Olivier, publié le 24/11/2010 à 12:30, mis à jour à 12:58|

En quelques années, la drogue des "people" est devenue celle de "M. Tout-le-Monde". Parce que les cartels sud-américains inondent l'Europe de poudre à prix cassé.

C'était, il y a peu de temps encore, la drogue de l'élite, de la jeunesse dorée et du show-biz. Celle qui montre que l'on est branché, qui fait chic dans une soirée.
De Kate Moss à Johnny Hallyday, de Thierry Ardisson à Frédéric Beigbeder, (c'est un écrivain français contemporain) nombreux sont les people qui ont avoué, parfois même proclamé, qu'ils en prenaient. Tout récemment, le chouchou des animateurs télé, Jean-Luc Delarue a dû interrompre ses émissions pour entamer une cure de désintoxication. (Il a dû s'excuser publiquement et promettre de se soigner, avant de partir sur les routes de France avec un camping-car "pour partager son expérience et aider les jeunes") Sans compter quelques sportifs qui, pris sur le fait comme Richard Gasquet, ont avancé des explications originales pour justifier un contrôle antidopage positif...
(Rappelez-vous, je vous avais parlé dans une chronique : le joueur de tennis avait prétendu qu'il venait tout juste d'embrasser une jeune-fille cocaïnomane…)

Le Dr Lowenstein rappelle que l'addiction est d'autant plus périlleuse qu'il n'existe aucun traitement de substitution.
"Las ! En quelques années, la cocaïne s'est considérablement démocratisée - "banalisée", précise le Dr William Lowenstein, directeur de la clinique Montevideo, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), spécialisée dans la prise en charge des addictions.
Aujourd'hui, la "CC" comme disent les initiés, est partout.
"On reçoit même des collégiens accros", témoigne le spécialiste, qui note deux profils : le fêtard qui découvre la cocaïne un soir et veut en faire profiter les copains, sans réaliser que le produit est dangereux ; et celui qui, en errance et fragilisé, a déjà expérimenté tout le reste - alcool, cannabis, ecstasy...

Mais, surtout, cette banalisation touche désormais toutes les couches de la société. A Saint-Brieuc, en Bretagne, des marins-pêcheurs se fournissaient récemment auprès de leurs bouchers, reconvertis dans le trafic de "blanche". A Paris, Franck, employé dans un magasin de photocopies, ou Sandra, secrétaire payée à peine un smic et demi, s'y sont mis via des "connaissances".
Le centre de désintoxication qui les soigne, à l'hôpital Paul-Brousse, à Villejuif (Val-de-Marne), a ouvert en 2007 et, depuis, ne désemplit pas.
Sa clientèle? 5 hommes pour 1 femme, un âge moyen de 31 ans, et des profils sociologiques extrêmement diversifiés. "

"Aucune profession n'est épargnée", observe le Dr Lowenstein, citant ce "boulanger tranquille et sans histoires" qui, ayant découvert la coke chez des amis, avait "trouvé ça super". Au point d'en reprendre dès le réveil, afin de supporter ses folles journées de travail. Puis de continuer, dans l'après-midi, pour "tenir", avant de passer au cannabis, pour "descendre" au moment de se coucher. "Quand il est arrivé chez nous, il prenait entre 1 et 2 grammes de poudre, mais ne parvenait déjà plus à décrocher. Jusque-là, on voyait plutôt débarquer de gros consommateurs, à 5, voire 8 grammes quotidiens. Les gens sombrent dans l'addiction de plus en plus vite."

Pourquoi cette drogue a-t-elle autant de succès ?

"Médecins, juges et policiers s'accordent sur un point : contrairement à celui des autres drogues, le prix du gramme de cocaïne n'a pas grimpé ces dernières années. Il a même baissé d'un tiers depuis 2000, pour se situer aux alentours de 60 euros.
La raison est à chercher... outre-Atlantique : les grossistes mexicains ayant progressivement envahi le marché américain, les cartels colombiens et boliviens se sont rabattus vers l'Europe, "en passant par l'Afrique et en cassant les prix", détaille Etienne Apaire, président de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et la toxicomanie.
En France, les réseaux de trafic de cannabis qui opèrent dans les banlieues depuis le Maghreb n'ont pas mis longtemps à comprendre les bénéfices qu'ils pouvaient tirer de cette situation... L'autre explication de cet engouement tient à la représentation de la "coke" dans l'imaginaire collectif: "Les gens la voient comme une drogue "paillettes", quasi anodine, explique le Dr Lowenstein.
Ils croient que la coke ne rend pas dépendant, qu'en se limitant à une fête par semaine ils échapperont à l'addiction, puisqu'ils maîtrisent, pensent-ils, leur consommation." Or, loin d'être inoffensive, cette substance est aussi addictive que l'héroïne et l'alcool, plus que l'ecstasy, et sans commune mesure avec le cannabis. Des hémorragies nasales aux accidents cardio-vasculaires aigus - même avec un seul "sniff" - les conséquences peuvent être lourdes.
Des études menées par l'Inserm sur des souris le montrent : quelques prises suffisent pour provoquer des dommages durables dans le cerveau.
Avec entre 250 000 et 300 000 usagers réguliers, la France pourrait paraître relativement épargnée par rapport à ses voisins européens : les accros à la poudre sont 1 million en Espagne et autant au Royaume-Uni.
Mais pour combien de temps encore?
Faut-il le rappeler, il n'existe pas de traitement de substitution à la cocaïne, et il n'en existera probablement pas avant des années.
D'ici là, la "blanche" continuera à faire ses ravages. Pourtant peu enclin au tout-répressif en la matière, le Dr Lowenstein ne cache pas son inquiétude : "Si mon enfant arrivait un jour à la maison en me disant qu'il est accro à quelque chose, je penserais immédiatement : pourvu que ce ne soit pas la coke."

Il n'y a pas de drogue inoffensive, bien sûr, et l'image cache des réalités bien tristes.
Mais que de tentatives, dans les films, dans la presse par exemple, pour banaliser tous ces produits, ô combien dangereux !

 

Sophie Daout, le 26 novembre 2010
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Vol.8 - No. 158

Le plan antidrogue de Jean-Luc Delarue

Jean-Luc Delarue est un producteur de télé et un présentateur d'émissions quotidiennes en France. C'est un peu le gendre idéal, et le chouchou des Français. Malheureusement, depuis quelques mois, il a eu quelques dérapages qyui ont un peu terni son image.
Récemment, il a été mis en garde à vue pour détention de stupéfiants et sommé de se soigner.
A sa sortie de clinique, il parle de renaissance, comme l'avait fait mon fils toxicomane Lionel. Il est tellement ébloui par sa nouvelle façon de voir la vie, qu'il souhaite faire profiter les autres de son expérience : il veut créer une association, créer une émission de deuxième partie de soirée et parcourir la France en camping-car pour aller à la rencontre des jeunes. Si certains sourient de son enthousiasme, je le trouve pour mon compte très émouvant, et je pense qu'il faut faire confiance à Jean-Luc,

Il a donné une interview exclusive au journal TV Magazine. Dans un autre journal, Rue 99 , une journaliste a interrogé le Professeur Reynaud, chef du département psychiatrie de l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif et auteur de nombreux livres sur l'addiction, de commenter le programme anti-addiction de Delarue. Il prévient d'entrée de jeu : J'ai comme habitude de partir avec un a priori positif pour les malades, penser qu'ils peuvent s'en sortir, j'ai toujours eu de bonnes surprises, même dans les cas les plus désespérés.

J'ai souhaité vous donner cette semaine, l'intégralité de l'article de ce journal :

Le plan anti-coke de De la rue peut faire sourire… dommage
Par Sophie Verney-Caillat | Rue89 | 11/11/2010 | 12H54

Des objectifs qui motivent autant que la drogue

TVMag : Détendu et enjoué, [Jean-Luc Delarue] répond sans détour à toutes nos questions. Dans la douleur parfois. Avec sincérité toujours. Rue 89 : Sincérité, vraiment ?

Michel Reynaud : Je vois surtout quelqu'un qui se redonne des valeurs, et on sait que pour sortir de l'addiction, il faut se trouver de nouveaux objectifs qui motivent autant que la drogue.

On sait que la drogue est le détournement, au profit du produit, des voies de gestion du plaisir, de la motivation, et des émotions. Les drogues viennent se mettre à la place des neuromédiateurs naturels, opèrent un détournement de cap pour nous permettre d'être en paix avec nous-mêmes.

Jean-Luc Delarue s'est redonné des motivations fortes : son fils, l'amour, l'envie de faire partager son expérience, et sous la protection du groupe d'entraide rencontré lors de la cure. Il

dit qu'il a retrouvé du plaisir et du bien-être dans son corps, c'est essentiel.

Les six premiers mois sont les plus difficiles

Delarue : J'ai un parrain que je peux appeler vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept ! C'est très important. Il faut prendre l'habitude d'appeler, même quand ça va bien.
Et puis je vais revenir un jour par mois à la clinique pendant au moins un an. Ce programme s'inscrit dans la postcure.

Quelle est la vraie durée de la postcure?

Ne pas se retrouver seul, être dans une structure, tout cela est positif. Après, il y a tout le mauvais génie de ces troubles, et les six premiers mois sont les plus difficiles. Une fois ce cap passé, le cerveau est mieux adapté et les rechutes, moins graves.

Dans ces groupes, on apprend à gérer la rechute, qui fait partie de la maladie addictive, et qui est généralement entraînée par les mêmes causes :

  • le stress professionnel ou émotionnel (il en aura de nouveau) ;
  • les tentations du produit si on a l'occasion de le recroiser (il en trouvera partout) ;
  • le fait de revivre des situations où on consommait (il apprendra à faire avec).

Il est dans une période où il faut être optimiste

Le mois que j'ai passé en cure a été une renaissance pour moi. C'est un tournant dans ma vie et je n'aurais jamais pu revenir comme avant. […]

J'ai aujourd'hui le souhait de créer une émission de deuxième partie de soirée. Mais, par expérience, je sais que je dois prendre mon temps pour être sûr de moi avant de la proposer.

Pour l'heure, c'est d'abord à mon rétablissement que je dois penser.

N'est-ce pas trop tôt, au sortir d'une cure de désintoxication, pour annoncer un projet professionnel ?

Il est dans une période où il faut être optimiste. Mieux vaut être prudent, il se prend à témoin comme quand on annonce qu'on va arrêter de fumer.

Dans son cas, il est tellement public qu'il a intérêt à en faire une force, à utiliser sa publicité pour le protéger, même s'il n'est pas plus protégé qu'un autre malade. Il ne faut pas se griser des premières semaines de sevrage.

Certains profils génétiques sont plus à risques

J'ai découvert avec surprise que la dépendance est une maladie primaire. Elle fait partie de l'inné, non de l'acquis. Les dépendants naissent même avec une sensibilité cinq à sept fois supérieure à la moyenne ! …
[Il réfléchit, très ému.] J'ai découvert que ce n'était pas de ma faute si j'étais dépendant… Que c'était inscrit dans mes gènes… Et que je devais me défaire de cette culpabilité et de cette honte.

La dépendance est-elle aussi innée que Delarue le dit ?

Les addictions sont toujours l'interaction entre un sujet, un environnement et un produit. Elles ont une composante génétique importante, mais selon la manière dont on a intégré les souffrances dans son psychisme, on est plus ou moins fragile.
Certains profils génétiques sont plus à risques, des sujets ont besoin de vivre des choses fortes, ou d'apaiser un malaise, mais des recherches sont en cours pour déterminer la part du génétique, et il n'y a pas de chiffres. Quand on est plus vulnérable, il faut aussi plus se protéger.
Ce n'est pas parce qu'on le dit qu'on y arrivera
Cela faisait longtemps que je voulais arrêter la drogue et quitter le monde de la dépendance. J'avais prévu de m'arrêter fin septembre après mes tournages J'avais consulté un médecin pour cela, mais le calendrier m'a rattrapé…

De la rue n'exagère-t-il pas son intention de s'arrêter ? Beaucoup de gens veulent s'arrêter mais n'y arrivent pas. C'est le propre des drogues : notre partie raisonnable cherche à nous convaincre d'arrêter, mais au fond de vous, vous vous dites : J'en ai besoin.
Ce n'est pas parce qu'on le dit qu'on y arrivera. Il était sûrement sincère mais ce n'est pas pour ça que ça aurait marché.
Pas de contradiction entre les méthodes
Le travail des thérapeutes est très subtil… Ce sont tous d'anciens dépendants qui ont la passion d'aider les autres et qui connaissent leur sujet.
Nous avions chaque soir un groupe de parole avec des intervenants extérieurs. C'était des témoignages soit d'alcooliques anonymes (AA), soit de narcotiques anonymes (NA) qui nous apportaient leur expérience.

Le sevrage Minnesota dont parle ici Delarue est-il efficace ?
Tous ces groupes d'auto-support fonctionnent pareil, prendre appui sur le groupe est une des méthodes qui a fait ses preuves.
Dans notre centre de traitement des addictions, on fait de la motivation comportementale mais on conseille aussi ces groupes, qui apportent une chaleur humaine car il y a une disponibilité chez les militants bénévoles qui complète l'aide des soignants.
Il n'y a pas de contradiction entre les méthodes. Ce qu'il a suivi peut aussi se pratiquer en France si l'on n'a pas de moyens, il a sans doute eu plus de confort hôtelier et été plus protégé des paparazzis.

La cocaïne est associée à d'autres produits

Quand je suis arrivé à la clinique pour arrêter la cocaïne, j'ai finalement décidé d'arrêter aussi l'alcool. Même s'il ne s'agit que de quelques verres par semaine, je ne peux pas prendre le risque qu'une dépendance verse dans une autre.
Vous comprenez, en arrêtant la cocaïne, je ne voulais pas risquer de me réfugier dans le vin ou le whisky…
Est-on alcoolique en buvant un verre d'alcool par jour ?
Non, ce n'est pas un verre par jour qui pose problème, mais la consommation de cocaïne est souvent associée à d'autres produits.
Dans toutes les cliniques de traitement des addictions, il y a souvent plus de gens qui sont là pour l'alcool, le personnel y est donc très attentif, et a dû l'inciter à l'abstinence.

Les idoles font passer des messages

J'ai décidé de créer une fondation qui aura pour mission d'informer les collégiens et les lycéens sur les dangers de l'addiction aux drogues, dont fait partie l'alcool.
Je vais donc prendre la route avec un camping-car et partir dans une cinquantaine de villes en France, en Suisse et en Belgique pendant trois mois à raison de quatre à cinq jours par semaine !
Je pense commencer en février ou en mars et je dormirai dans mon camping-car, voire parfois dans un hôtel s'il fait trop froid…
Et, à chaque étape, j'organiserai des réunions dans les collèges, les lycées, les salles polyvalentes et les MJC.
L'image de cet homme de télé dans son camping-car n'a-t-elle pas quelque chose de grotesque ?
Il est dans un monde de communication, de l'extrême… Moi je fais le pari qu'il est sincère et je ne veux pas me moquer.
Vouloir rendre ce qu'on a reçu, soigner ce dont on a souffert est une motivation pour s'en sortir. Après, la présentation du camping-car peut faire sourire et c'est dommage…

Peut-il avoir une action efficace sur la prévention auprès des jeunes ?
Oui, car les idoles sont une bonne façon de faire passer des messages. Ils sont souvent montrés comme consommateurs, mais ils peuvent aussi donner des identifications positives.
Aux USA, on utilise beaucoup les anciens dépendants pour promouvoir des stratégies de prévention. Quelqu'un qui a une visibilité médiatique a toujours un message plus fort que quelqu'un qui n'en a pas. Après, on ne sait pas quelle image il a auprès du public.

 

Sophie Daout, le 3 décembre 2010
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Vol.8 - No. 159

Un papa dans le forum !
Alors pourquoi pas vous ?

Forum «jeunessesansdrogueé»

C'est dans notre forum que je suis venue chercher le sujet de ma chronique d'aujourd'hui.
Ce forum est en quelque sorte " mon bébé " Après la création du site de notre association, j'ai voulu que soit créé un lieu d'échanges où chacun peut se dire sans honte, sans tabous et sans peur d'être jugé. Les sujets d'actualité y sont évoqués, bien sûr, mais la polémique n'est, pour moi, pas l'essentiel. Je souhaite plutôt que des ouvertures ou des solutions soient proposées à des jeunes ou des parents en souffrance par rapport à ce problème de drogue.

Bien sûr, je m'implique beaucoup dans ce forum.. Auprès de mes collaboratrices, je me plains souvent de n'être pas aidée par elles à ce niveau. Mais elles me disent qu'elles ne se sentent pas capables d'apporter des réponses aussi pertinentes que les miennes…et donc je me sens un peu seule.

Heureusement, il y a Guillaume avec moi. Guillaume est jeune, il a 22 ans, il est étudiant en droit, et c'est un rescapé de la drogue. Il dit gentiment que je suis pour quelque chose dans son rétablissement ! Il apporte dans le forum une parole de jeune quand je parle en tant que maman et éducatrice. Nos apports se complètent.

En général, parmi les adultes, ce sont les femmes qui s'expriment. Pourtant, notre dernier arrivé est un homme, et il nous parle de son problème actuel :

Bonjour,

Bravo pour ce site! Des témoignages sincères où l'on sent une vraie écoute voir solidarité dans l'épreuve qu'endurent les parents comme les enfants concernés par le problème de la dépendance.

Je me présente ainsi que la situation à laquelle je suis désormais confrontée.

Je suis marié et père de 2 garçons, l' un de 20 ans en CPGE 2ème année ( tout roule) et l'autre, A. de 17 ans, en échec scolaire et accro de cannabis avec qui j'arrive au bout du rouleau.
Moi-même j'ai longtemps fumé du cannabis et je n'ai jamais vu le danger de la chose: bonne situation, amis, reconnaissance professionnelle, famille. Donc quand j'ai appris pour la première fois que A. avait touché un joint, pas de panique, je suis moi aussi passé par là.
Seulement voilà, à son âge, ma consommation été concentré aux périodes de vacances et rarement en période scolaire. Pour A. c'est devenu une consommation quotidienne. Bonjour les dégâts!
Il m'a fallu du temps pour bouger malgré les avertissements de ma femme (elle aussi ancienne consommatrice mais sur le tard).
A. a fait une Seconde scientifique et disposait de réelles capacités mais à cause de son caractère s'est mis la moitié des profs sur son dos (irrespect + arrogance). Malgré tout, le lycée à accepter son réorientation en 1ère ES (économique). Là ce fut le début de la fin car en ES toutes les matières sont importantes et la charge de travail et au final plus importante qu'en S où il suffit d'être bon dans les matières scientifiques (je simplifie trop, surement). Et problème récurrent de comportement.

Voyant que A. était clairement pas formaté pour le Lycée et cursus traditionnel, on a accepté son choix de réorientation dans un lycée professionnel en horticulture (sa propre initiative). A la clé il allait être interne pendant la semaine, chose qu'on pensait excellente avec mon épouse afin de l'éloigner des relations néfastes qu'il a établi autour de la maison (deal, copains fumeurs, etc...)

En même temps, voyant le désastre (problème de motivation, consommation en hausse, abandon des activités sportives, difficulté de réveil et être ponctuel le matin) j'ai accepté l'idée de ma femme de commencer des sessions de thérapie familiale. O, a assez bien pris la chose, et cela fait maintenant depuis 9 mois qu'on suit régulièrement des sessions à 4.

Bref, arrive Septembre, la rentrée en Lycée Pro + internat (il redouble en 1ère donc il ne perd qu'une année) et là au bout de 3 mois je crains l'exclusion de l'établissement. Il a pourtant l'air d'aimer la partie Horticulture mais forcement s'ennuie dans les matières générales car c'est un niveau très inférieur à celui de sa 1ère ES. Donc en fichant rien il a des notes de 15 à 20 mais les profs n'en peuvent plus car il dort en classe, est avachi, etc.. Mais le pire est arrivé cette nuit et c'est probablement la raison pour laquelle j'écris ici.

Hier soir à 23h00, le téléphone sonne et là je crains le pire car je ne reçois jamais d'appels si tardivement. Pour la faire courte, c'est la mère d'une fille dans le Lycée de A. qui m'informe que sa fille de 16 ans lui a avoué avoir fumer du Shit au Lycée car A. lui en a proposé. Elle m'informe qu'elle va avertir l'établissement et veut s'assurer qu'ils donneront des sanctions afin que ça cesse (elle attend d'ailleurs que sa fille soit sanctionné dans l'affaire).

Inutile de dire que j'ai passé une très mauvaise nuit. Il faut que ce cauchemar s'arrête mais comment?

Dans 3 mois il aura 18ans, et je suis de plus en plus convaincu que la meilleure solution s'est de le mettre dehors, en-effet à force de lui servir de béquille, est-ce que nous, ses parents lui faisons pas plus de mal que de bien? Lui faut-il vivre la vraie galère pour se secouer les neurones et réaliser que la vie en mode défonce est un cul de sac? Purée ce n'est pas énorme 2 ans de Lycée pour ensuite pouvoir prétendre à un job et une autonomie, certes ouvrier agricole mais autonome quand même... Voilà mon histoire. J'attends maintenant l'appel du Lycée pour m'annoncer la nouvelle, triste journée. "

Ce papa est perdu, et comme chez beaucoup de parents actuels, confronté à un problème difficile : le cannabis lui a toujours été présenté comme une " drogue douce ", mais il constate à ses dépens que ce n'est pas vrai ! Alors, que faire ?
Voici ma réponse puis celle de Guillaume.
La mienne :

M

erci à vous pour ce témoignage sincère et merci pour votre confiance. Tout ce que vous décrivez, je l'ai vécu moi aussi, avec quelques petites différences, à travers mon fils. Quel gâchis! Moi, je n'ai jamais fumé de cannabis, mais pour votre génération de parents, l'attitude à adopter dans l'éducation des enfants est encore plus difficile que pour nous. Car vous avez été élevés dans l'idée qu'il existe des drogues "douces" et d'autres qui ne le sont pas, vous avez fait des expériences, (il faut bien que jeunesse se passe!!!) dont vous êtes sortis indemne. Alors, pourquoi s'inquiéter pour ses ados s'ils en passent par là eux aussi?

  • Sauf que le cannabis est une drogue lente et surtout pas une drogue douce
  • Sauf que les produits ont changé
  • Sauf que les modes de consommation ont changé
  • Sauf que les produits sont souvent mélangés, par exemple cannabis et alcool.
  • Sauf que la drogue s'est banalisée...

Alors pour vous c'est difficile.

Et pour A?
Vous suivez une thérapie familiale, c'est bien! Mais quelle est son attitude face au psy? Sa consommation de drogue est-elle prise en compte par le psy? De quelle manière?

A émet-il parfois le souhait d'en finir avec ce produit?

Comment va son frère? Comment réagit-il par rapport aux problèmes de son cadet?

Et la maman, pouvez-vous un peu nous parler d'elle?

Vous êtes l'un des rares papas à vous exprimer ici. Merci de votre confiance!
Courage

Sophie Daoût

Celle de Guillaume

En ce qui concerne votre fils, comme nous le disons très souvent, il n'existe évidement pas de solutions miracle, mais le dialogue peut aider à résoudre le problème et j'espère que nous y parviendront et surtout que vous y parviendrez avec votre fils.
Pour sa situation, il est clair que votre enfant à mis le pied dans le mauvais engrenage. Pour avoir connu l'internat, je pense que peu de gens ici se doutent à quel point ça peu se défoncer, avant le repas, entre le repas et l'étude, après l'étude, avant de se coucher... bref ça fume toutes les 5 min dès qu'un moment se présente. Je parle par expérience, l'internat à pour moi été un facteur accélérateur de ma consommation à l'époque et pour beaucoup de mes connaissances également.
Evidemment il est bien dommage pour votre fils que la jeune fille l'ai dénoncé à ses parents, il prendra certainement une sanction sévère. Cependant cette sanction ne le fera pas arrêter (ni la jeune fille je pense...). Il est en infraction constante et devra en assumer les conséquences, le plus tôt sera le mieux et le mettra face à la réalité de sa vie de Junkie dès à présent peut peut-être le faire réfléchir...

Alors qu'elles solutions adopter ?

Le mettre dehors à ses 18 ans : Solution radicale, peut-être efficace mais sincèrement j'en doute, j'ai plus le sentiment que cette solution l'enfoncera encore plus. Que va-t-il faire ? Aller vivre à droite à gauche chez d'autres "copain" fumeurs, arrêter les cours, dealer pour essayer de se payer sa fume et à manger... Bref s'enfoncer encore plus dans la vie dépravée du consommateur quotidien. L'avantage de cette solution bien entendu et de le mettre face à la réalité et à ses responsabilités, mais je pense que votre fils peu encore s'en sortir sans une solution si radicale...

Après vous pouvez aménager cette solution, mais elle vous coûtera de l'argent et ne va pas forcément le faire arrêter de fumer...
Par exemple lui prendre un studio, lui donner juste l'argent de poche pour vivre (nourriture, frais scolaire) et basta, pour le reste il se débrouille. Mais je doute que vous soyez dans cet état d'esprit vu son comportement. Si toutefois cette solution est envisagée, il faut que vous lui imposiez des règles. "On fait ça pour toi si l'école marche et que tu n'a aucun problème avec quelque autorité que ce soit au sujet de ta consommation". Si vous faite un effort pour lui qu'il ressent comme tel (car bien évidement des efforts pour lui vous en faites tout les jours, mais lui ne s'en rend pas compte), peut-être peut-il au moins trouver la motivation de finir son cursus et de sortir avec un métier, quel que soit son métier, bien évidement mais il lui faut réussir ses examens. Je pense que vous devriez essayer de discuter avec lui entre 4 yeux et lui demander ce que lui voudrait et que vous trouviez une solution convenable en ayant posé le problème et les solutions possible sur la table.
Son frère vit-il chez vous ? Une collocation à 2 avec son frère qui à l'air beaucoup plus posé ne serait-elle pas envisageable ? Quels sont leur relations ?

La thérapie que vous avez enclenchée est très bien ! Essayez de trouver des solutions tous ensemble, je pense qu'il a besoin d'un cadre de vie différent pour tilté sur son problème. Cependant ce point de vue n'engage que moi et j'espère que vous trouverez la solution la plus adéquat à votre situation. N'hésitez pas à nous écrire et à nous tenir au courant de l'évolution du problème. "

Et vous ? Qu'auriez-vous répondu ?
Venez vous exprimer dans notre forum !
Merci.


 
Sophie Daout, le 10 décembre 2010
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Vol.8 - No. 160

Nouvelle campagne de prévention drogues en France

Le ministère de la santé lance à compter du 13 décembre une campagne nationale visant à rappeler aux parents qu'ils ont un rôle à jouer pour prévenir la consommation de cannabis au moins de leurs propres enfants.
Celle-ci portera le nom de "Contre les drogues, chacun peut agir" (comme quoi, elle est vraiment destinée aux parents). Et selon un communiqué de l'Inpes, l'idée est de rappeler les adultes à leurs responsabilités et de les inciter à dialoguer avec les ados.
Des clips mettant en scènes des dialogues parents-enfants sur le thème du cannabis seront diffusés en télé. Le gouvernement veut aussi profiter de l'occasion...

En effet, d'après le journal " Le Parisien ", 21% des parents n'ont jamais abordé les risques liés à la consommation de drogue avec leurs enfants, selon un sondage réalisé par l'institut BVA à la demande de l'Inpes et de la MILDT, rendu public vendredi 10 décembre. Les résultats de cette enquête dévoilent également que 22% des parents ne disent jamais à leur progéniture que la consommation et l'usage des drogues sont interdits par la loi.

Ce sondage souligne aussi le fait que la majorité des parents estime avoir de bonnes compétences parentales. Ainsi, près de 7 parents interrogés sur 10 (68%) affirment dialoguer facilement avec leurs enfants, et 65% déclarent ne pas hésiter à imposer des limites même si cela risque de créer des conflits.

Autre constat, près d'un parent sur trois (29%) a déjà fait appel à un médecin, un psychologue ou un thérapeute pour régler les problèmes émotifs, nerveux, psychologiques ou comportementaux de leurs enfants. A noter, 34% des sondés précisent ne pas se sentir soutenus par les professionnels de santé dans leur rôle de parents.

Dernier point, près d'un quart des parents interrogés (23%) avouent qu'ils n'ont aucune règle interdisant ou limitant la consommation d'alcool, contre 19% pour la consommation de drogue, notamment le cannabis.

Ce sondage a été réalisé par téléphone par l'Institut BVA pour l'Institut de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes) et la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), les 16 et 17 avril derniers, auprès de 391 parents d'enfants de moins de 26 ans et 112 jeunes de 15 à 24 ans, issus d'un échantillon représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.

La nouvelle campagne vise notamment à inciter les parents à intervenir auprès de leurs enfants pour prévenir un éventuel usage des drogues.

"Cette campagne a pour objectif d'amener les parents et l'entourage à s'interroger sur le rôle qu'ils peuvent jouer dans la prévention de consommation de drogue chez leurs enfants et de les informer des actions à mettre en œuvre", précise l'Inpes dans un communiqué.

La campagne, diffusée du 13 décembre au 3 janvier prochains, ,est déclinée en trois spots complémentaires. Un premier film mettant en scène la mère d'une jeune consommatrice de cannabis fera la promotion du dispositif "drogues info service", alors qu'un second spot mettra l'accent sur le manque de dialogue des parents avec leurs enfants.
Le dernier film de cette campagne nationale donnera la parole à un jeune adolescent refusant de prendre de l'ecstasy grâce aux conseils prodigués par une personne de son entourage.

Ces trois spots ont pour principal objectif d'inciter les parents et l'entourage des jeunes à aborder le sujet des drogues avec les adolescents. Chaque film met également en exergue le site du dispositif "drogues info service", ainsi que son numéro de téléphone (0 800 23 13 13).

La campagne, menée en partenariat avec la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), sera aussi déclinée en annonces presse, du 15 décembre au 3 janvier prochains, alors qu'une brochure intitulée "Cannabis, les risques expliqués aux parents" sera diffusée à plus de 100.000 exemplaires dans de nombreuses structures réservées aux jeunes.

Il me semble en effet que cette campagne est nécessaire. Les parents sont au premier plan dans l'éducation de leurs enfants. Or, quand nous les invitons à nos débats, nous sommes souvent très déçus de les vois se mobiliser en tout petit nombre.

Pourquoi ne viennent-ils pas ?

Parce qu'ils ne se sentent pas concernés ? Comment peuvent-ils être aveugles à ce point ? La drogue est partout et menace leurs enfants.

En fait, les parents eux-mêmes sont des victimes, et le message du papa dont je vous parlais dans ma dernière chronique, en est l'illustration. Cette génération a tellement vécu dans l'illusion qu'il existe des " drogues douces ", qu'il est " Interdit d'interdire ", qu' " il faut bien que jeunesse se passe ", quelle est complètement perdue.

J'espère que cette campagne pourra aider ces jeunes parents à parler de la drogue à leurs enfants, sans diaboliser ou dramatiser, mais sans banaliser aussi !

Nous nous retrouverons donc en 2011.
Joyeux Noël et bonne année !
Amicalement

 
Sophie Daout, le 17 décembre 2010
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